Forêt Obscure – Nicole Krauss

Voilà un roman que j’attendais avec impatience! « L’Histoire de l’Amour » de Nicole Krauss est l’un de mes livres préférés et cela faisait sept ans que l’auteure n’avait pas publié d’ouvrage – depuis « La Grande Maison »…j’ai donc piaffé quand j’ai appris qu’un nouveau roman sortait enfin : « Forêt Obscure » (et nous l’avons d’ailleurs mis à l’affiche du Bibliomaniacs de Décembre).

Ce roman nous raconte de façon alternée l’histoire de deux personnes. D’un côté Epstein, un homme âgé et très riche dont la vie a récemment changé : il a divorcé après trente-six ans de mariage et a commencé à se séparer de ses possessions coûteuses. De l’autre une romancière de quarante ans, ressemblant fortement à Nicole Krauss, mariée et mère de deux enfants, qui se trouve à la croisée des chemins : son couple se délite, elle n’arrive plus à écrire et se pose beaucoup de questions. Ces deux personnages, qui ne se connaissent pas, quittent tous les deux les États-Unis pour séjourner en Israël.

Disons-le franchement : j’ai été déçue par ce roman. Alors, oui, Nicole Krauss a toujours une belle écriture, on sent son intelligence, sa capacité d’analyse et de réflexion, sa culture, j’ai d’ailleurs souligné de nombreuses phrases que j’ai trouvées bien senties, pertinentes, brillantes, notamment sur le couple ou sur le rapport à la religion. Mais je n’ai pas été convaincue par « Forêt Obscure ». Cette construction basée sur deux histoires croisées ne m’a pas aidée à accrocher au récit et à m’attacher aux personnages : il y a quelques bonnes idées dans l’histoire d’Epstein – notamment un manteau qui disparaît dans les vestiaires après une conférence, pris par un autre invité – mais cela n’a pas suffi à vraiment m’intéresser au destin de cet homme. Quant à la partie consacrée à la romancière, elle est très introspective : l’auteure se pose beaucoup de questions, boucle sur certains sujets, déambule dans Tel Aviv, se remémore ses souvenirs d’enfance au Hilton. Ce n’est d’ailleurs pas inintéressant, c’est bien écrit mais  comme certains films de Sofia Coppola, c’est beau, léché, mais vaguement ennuyeux.

J’ai trouvé « Forêt Obscure » assez poussif. Je l’ai lu jusqu’à la fin en espérant que le récit décolle, mais cela n’a pas été le cas : la romancière va certes vivre une aventure rocambolesque, mais celle-ci m’a plutôt laissée perplexe. Quelques pistes étaient pourtant intéressantes, notamment l’histoire selon laquelle Kafka aurait eu une vie cachée en Israël, mais elles n’ont pas été assez exploitées à mon goût. Il y a du style, des idées, mais j’ai eu un sentiment d’artificialité durant tout le récit, une belle mécanique qui tourne à vide.

Je ne peux pas dire que le rendez-vous soit complètement raté, car j’ai trouvé dans ce livre des phrases qui m’ont plu, et des pistes de réflexion intéressantes, mais j’attendais beaucoup plus de la part de Nicole Krauss : un récit plus construit, des personnages plus incarnés, un souffle qui porte ces deux histoires croisées…je pensais dévorer « Forêt Obscure » et j’ai mis beaucoup de temps à le lire, non pas parce que je le savourais, mais parce que j’avais du mal à avancer, par manque d’intérêt. Dommage…mais je lirai quand même le prochain roman de l’auteure avec plaisir et curiosité.

Publié en Août 2018 aux éditions de L’Olivier, traduit par Paule Guivarch, 288 pages.

26e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2018.

10 commentaires sur “Forêt Obscure – Nicole Krauss

  1. Oh boy! Tu es loin de ton emballement pour « L’Histoire de l’Amour » !

    «beau, léché, mais vaguement ennuyeux»? Moi, je vais en rester à « L’Histoire de l’Amour » et ne vais pas franchir le pas. Je fais bien, non?

  2. Presque pareil pour moi, j’ai lu ses deux précédents avec plaisir, et je dis presque parce que pour ce dernier, j’ai abandonné, fatiguée et ennuyée. Et hop, lecture suivante! Bravo à toi d’avoir persévéré (un poil en vain, si j’ai bien compris)

    1. j’avais envie de voir où ça allait, j’espérais que ça décolle…mais je l’avais déjà mis de côté une fois, et je l’ai repris en pensant que c’était mes conditions de lecture qui étaient défavorables…en fait non…

  3. Ce roman m’est tombé des mains, je ne voyais pas où il allait (lentement, très lentement) et je vois que même en continuant, je n’aurais pas vu non plus. (pour me consoler, ce n’était pas un achat, mais un emprunt en bibli !)

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