On dirait des hommes – Fabrice Tassel

J’ai toujours aimé faire partie de jurys littéraires pour sortir des sentiers battus et découvrir des romans, des auteurs que je n’aurais pas eu l’occasion de lire par moi-même. Le dernier livre de Fabrice Tassel, que j’avais pourtant découvert avec « Les âmes frères » en 2020, était passé complètement sous mes radars, et je suis donc ravie d’avoir eu l’opportunité de lire « On dirait des hommes », sélectionné dans le Prix Nouvelles Voix du Polar 2024.

Le livre n’est d’ailleurs pas un polar à proprement parler, plutôt un roman noir, avec une tension psychologique et domestique. La juge d’instruction Dominique Bontet traite, entre autres, deux dossiers qui vont se retrouver, par hasard, liés. Il y a près d’un an, le petit Gabi, âgé de dix ans, courait sur la jetée, et, après avoir glissé sur un anneau d’amarrage et été projeté dans l’eau, se noyait malgré les efforts de son père, avec qui il se promenait, pour le sauver. Tout tend à conclure que c’était un accident, pourtant la juge, portée par une intime intuition, plus que conviction, n’arrive pas à clore le dossier. A la même période, une mère de famille, Iris Le Bihan la contacte pour porter plainte contre son conjoint, qu’elle accuse de violences…

« On dirait des hommes » a été une excellente surprise. J’ai vraiment apprécié l’ambiance du livre, qui nous met en présence de personnages assez banals à première vue, que ce soit Thomas et Anna – les parents de Gabi, confrontés au deuil de leur enfant, mais aussi à l’équilibre de leur couple, entre culpabilité, sentiment d’échec, petits mensonges, décisions personnelles et carrières professionnelles- les Le Bihan, dont le quotidien semble marqué par la violence et l’emprise, mais aussi la juge Bontet, plongée de par son métier dans les tréfonds de la nature humaine, et qui a été secouée par une affaire très médiatisée qu’elle a traitée, celle d’une mère infanticide (inspirée par Fabienne Kabou).

L’auteur réussit, alors que le livre ne compte que 250 pages, à prendre son temps pour nous décrire finement les personnages, dans leurs détails, leurs désirs, leurs frustrations, leurs contradictions, et pour mettre en place scènes et situations. Il y a une tension sourde qui s’installe au fil des pages, et des faux-semblants qui nous serrent à la gorge, sans que l’on comprenne bien, au début, quel va être le lien entre les deux histoires, et pourquoi le dossier de la mort du petit Gabi rend la juge mal à l’aise : est-ce parce que ce décès d’un enfant par noyade lui rappelle la fameuse affaire qui la hante toujours aujourd’hui?

Le livre est très bien construit, très maîtrisé, jusqu’aux dernières pages où j’ai quand même tiqué en me demandant si un élément clé était tout à fait crédible. (je serais ravie d’en discuter avec celles et ceux qui ont lu le roman!)

Mais je suis vraiment ravie de cette lecture et de cette (re)découverte d’un auteur qui a réussi à me happer avec ce roman!

Publié à la Manufacture de Livres en 2023, en poche chez Pocket, 250 pages. 

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