Delicious Foods – James Hannaham

« Delicious Foods » de James Hannaham s’ouvre sur la fuite en voiture d’Eddie, un adolescent noir de dix-sept ans qui a deux moignons sanguinolents à la place des mains. Un retour en arrière nous raconte l’histoire de sa famille.

Ses parents, Darlene et Nat, se rencontrent à l’université. Quelques années plus tard, ils s’installent à Ovis, une petite ville où ils ouvrent une épicerie, et où Nat s’implique dans la lutte contre le racisme. Alors qu’Eddie n’a que six ans, Nat est victime d’un crime atroce commis par les suprémacistes blancs locaux : Darlene ne s’en remettra jamais, et va plonger dans la drogue puis la prostitution. Une nuit, alors qu’elle fait le trottoir, un van s’arrête et une jeune femme lui propose de travailler dans une coopérative agricole, où elle sera logée, nourrie et percevra un bon salaire. Eddie, alors âgé de douze ans, ne voyant pas sa mère revenir, mène l’enquête et la retrouve chez Delicious Foods, une coopérative où les employés (qui ne savent même pas où ils se trouvent exactement) triment comme des bêtes pour un salaire de misère, puisque leur lit, leur matériel, leur nourriture leur sont facturés une fortune, et que les employeurs leur fournissent en plus de l’alcool et de la drogue à prix d’or pour les enferrer dans leur addiction et s’assurer de leur docilité…

Le roman s’attache à Darlene, à Eddie, mais est également raconté par une troisième voix, celle de « Scotty », qui est en fait la drogue de Darlene… en effet, ce roman aborde de nombreux thèmes : l’histoire d’une famille frappée de plein fouet par le racisme ;  l’esclavage moderne ; l’addiction ; le portrait d’une femme meurtrie par la vie qui devient dangereuse pour elle-même, pour son fils, pour les autres ; le parcours d’un enfant que sa mère n’est plus en capacité de protéger et qui ne devra compter que sur lui-même pour s’en sortir…

J’ai vraiment aimé la richesse de ce livre, et j’ai apprécié qu’il aborde un thème que l’on rencontre peu en littérature : l’esclavage moderne. Le système profite des faiblesses des plus fragiles de la société (pauvres, marginaux, drogués) tout en étant un rouage d’une industrie tout à fait légale. Pour raconter cette histoire inspirée de faits réels, James Hannaham s’appuie sur un jeune homme attachant, Eddie, dont on a envie qu’il s’en sorte, et sur un personnage ambivalent, Darlene, que le malheur et la drogue ont complètement transformée. Un roman dur, mais qui possède une vraie lumière, et dans lequel subsiste l’espoir. A découvrir. 

Publié en Août 2020 chez Globe, traduit par Cécile Deniard, 397 pages.

 

9 commentaires sur “Delicious Foods – James Hannaham

  1. Pas ma came mais Globe est vraiment une très bonne maison d’édition ! j’ai vu un documentaire sur l’esclavage moderne, ça arrive vite et partout. Ils ont démantelé un réseau en Bretagne avec des immigrés clandestins l’an dernier… mais bon ça existe aussi au Moyen-Orient dans ces paradis … quelle tristesse !

    1. oui j’en ai entendu parler pour la France, avec les clusters qui se sont formés et les réseaux qui ont été démantelés…
      j’aime vraiment beaucoup Globe, je n’ai jamais été vraiment déçue avec eux…

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