J’ai connu Charles Berberian il y a très longtemps, avec les BDs qu’il réalisait avec Dupuy (Monsieur Jean, Henriette…). Dans « Une éducation orientale », album en solo et autobiographique, il revient sur sa jeunesse.
Le confinement lui rappelle l’époque où, adolescent, il était reclus avec sa famille dans leur appartement de Beyrouth, en pleine guerre du Liban, et où il se réfugiait dans le dessin. Charles Berberian est issu d’un père arménien et d’une mère grecque (née à Jérusalem) et a grandi à Bagdad avant de rejoindre à Beyrouth à l’âge de neuf ans sa grand-mère maternelle, chez qui habitait déjà son grand frère Alain (le réalisateur de la Cité de la Peur !)

Aujourd’hui adulte, Charles Berberian revient à Beyrouth et tente de retrouver les lieux de son enfance. C’est l’occasion de se remémorer des scènes, des événements. Le tout est un peu décousu – finalement à l’image d’une famille qui a connu de nombreuses migrations et configurations – mais j’ai trouvé cet album émouvant.
C’est la nostalgie d’une époque révolue. Celle d’une famille dont la plupart des membres sont désormais décédés- et l’amour de Charles pour sa Yaya (sa mamie qui l’appelle koukla mou) et son admiration pour Alain sont vraiment touchants. Celle aussi où les villes de Bagdad et Beyrouth n’étaient pas encore synonymes de chaos et de destruction. Il y a en effet un côté suranné dans ce que nous raconte Charles Berberian, avec cette famille qui fait sa vie au Proche-Orient, mais de manière dispersée et qui se retrouvera finalement réunie en France, à Frejus, enfants, parents, grands-parents, pour la première fois.

Un récit tendre, un bel hommage à ceux qui ont aujourd’hui disparu et à une ville, Beyrouth, qui a tellement souffert.
Publié en 2023 chez Casterman, 160 pages.