Dans sa maison – Yael van der Wouden

En 1961, aux Pays-Bas, Isabel, à l’aube de la trentaine, vit seule et règne sur la grande maison familiale, à la campagne, depuis que sa mère est morte. Sa vie est routinière, ses interactions se limitent à la femme de ménage, à ses sorties avec ses deux grands frères, à quelques visites à son oncle – le véritable propriétaire de la maison – et à une vieille tante. Un voisin a des vues sur elle, un flirt auquel elle répond mollement.

Quand son frère Louis lui présente sa nouvelle petite amie, Eva, Isabel ne ressent aucune affinité pour cette jeune femme bavarde, bruyante, un peu excentrique, mais plutôt un léger malaise. Lorsque Louis doit partir pour un déplacement à l’étranger, il demande à sa sœur d’accueillir Eva dans la maison familiale. Isabel est obligée d’accepter mais est dérangée par la présence d’Eva, qui lui fait de plus bien comprendre que la maison ne lui appartient pas et qu’elle reviendra à Louis, puisqu’il est l’aîné.

J’ai lu le roman en VO sous le titre « The Safekeep » (l’anglais est soigné mais reste accessible), et j’ai très vite été happée par cette histoire, même si j’ai rapidement eu l’intuition d’une partie de l’intrigue. Je dis bien une partie car il y a un développement que je n’aurais pas soupçonné.

L’ambiance du huis clos de la maison, du temps qui passe lentement, est très bien rendue. Même si l’histoire se déroule aux Pays-Bas, j’ai eu l’impression de lire un roman anglais, avec cette maison qui pourrait s’apparenter à un manoir, et puis aussi cette atmosphère bucolique, ces codes de la société bourgeoise. Il y a du James Ivory dans ce livre, du Sarah Waters aussi.

Rien n’est totalement original – et je regrette notamment qu’un rebondissement ne soit pas une totale surprise, il y a trop vite des indices qui m’ont mis la puce à l’oreille – mais il y a une vraie qualité d’écriture, une capacité à créer des personnages très incarnés, des ambiances cinématographiques.

Un premier roman réussi, et une autrice à suivre.

Publié en Octobre 2025 chez Flammarion, traduit par Nathalie Bru, 384 pages.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *