Comme beaucoup de lecteurs, j’avais été charmée par « En attendant Bojangles », un ovni littéraire plein de fantaisie. Dur dur de sortir un livre après ce premier roman qui s’est déjà vendu à 500 000 exemplaires…et qui continue à se vendre! C’est la situation à laquelle fait face Olivier Bourdeaut, qui vient de publier « Pactum Salis », toujours aux éditions Finitude.
J’ai eu le grand plaisir de rencontrer l’auteur lors d’un événement organisé par la Fnac chez Ladurée rue Royale. Olivier Bourdeaut était interviewé par Karine Papillaud, avec autour de la table, une dizaine de personnes, en majorité des lecteurs ayant remporté un concours organisé par la Fnac mais aussi Hélène Lecturissime et…la cousine et la mère d’Olivier Bourdeaut (dont les téléphones arboraient fièrement des coques à l’effigie des couvertures des romans de son fils!)! En effet, celles-ci étaient venues à Paris pour la première de l’adaptation au théâtre d' »En attendant Bojangles ».
Olivier Bourdeaut a rendu cette rencontre vraiment très agréable : sympathique, souriant, il s’est prêté de bonne grâce et avec humour au jeu des questions. Pas besoin de lui tirer les vers du nez, une question pouvait générer dix bonnes minutes de réponses!
La thématique du second roman après un énorme succès a bien sûr été très présente. L’auteur a qualifié de « divine malédiction » le fait que deux ans après sa sortie, « En attendant Bojangles » se soit mieux vendu la semaine dernière que le petit nouveau, « Pactum Salis »! Il est revenu sur sa vie avant d’être un auteur publié. « Rêveur actif », il a été très heureux de vivre en marge de la société jusqu’au moment où, vers 30 ans, il a réalisé qu’il était désormais en complet décalage avec ses amis, ayant fini leurs études et qui avaient désormais un CDI, un appartement…Il avait toujours eu la certitude qu’il ferait quelque chose de bien, un coup d’éclat qui compenserait ses années de fainéantise et de glande, mais commençait à douter du sens de sa vie. Il est donc parti en Espagne, où il a écrit en deux mois »En attendant Bojangles » – qui est en fait son deuxième roman.
Personne ne voulait d' »En attendant Bojangles », ni de son prédécesseur, mais Olivier Bourdeaut s’est acharné et a commencé à écrire un troisième roman. A l’origine, il voulait que celui-ci se passe aux USA et en Amérique du Sud, mais il n’avait pas les moyens de se rendre sur place. Il a donc changé de cap et commencé à écrire un roman – « Pactum Salis » – se déroulant dans un endroit plus accessible, les marais salants. Un lieu qui lui plaisait pour son côté poétique, un endroit mêlant nature et travail de l’homme qui, certes, modifie mais ne déforme pas, un paysage au caractère fort.
« Pactum Salis », dont je vous parlerai bientôt sur le blog, évoque la rencontre de deux hommes, Michel et Jean, aux profils a priori incompatibles puisque le premier est agent immobilier et le second, paludier. Deux métiers que l’auteur connait bien puisqu’il a été agent immobilier par intermittence durant dix ans et paludier durant quatre mois. Ce qu’il attendait de cette rencontre entre deux hommes que tout oppose? De l’humour, de la rugosité, de l’admiration, de la fascination, de l’exaspération… Olivier Bourdeaut est également revenu sur un autre personnage, Henri, qui a inventé le terme du « Dédé » : le Débauché de Droite. Une réponse au « Bobo » qui est devenu un lieu commun.
Olivier Bourdeaut s’estime assez chanceux, car il écrit facilement, notamment les dialogues et les descriptions – ce qu’il préfère dans les livres. Lorsqu’il est en phase d’écriture, il se fixe comme objectif 3 pages par jour. Ses dialogues en particulier sont rarement corrigés par l’éditeur. Il rappelle que pour « En attendant Bojangles », ses corrections après remarques de l’éditeur n’ont pris que quelques heures…alors que pour « Pactum Salis », cela lui a pris un mois et demi! L’éditeur lui demande parfois de couper des phrases, voire même de couper des scènes…souvent avec raison, même si Olivier Bourdeaut regrette encore d’avoir accepté, après négociations, de couper une scène dans « Pactum Salis ».
Interrogé sur le fait que ses livres ont un côté anachronique, intemporel – surtout dans « En attendant Bojangles » mais aussi dans une moindre mesure dans « Pactum Salis » – Olivier Bourdeaut se défend d’être réactionnaire, et pense être un homme de son temps, toujours plongé dans les journaux, mais il regrette la perte de courtoisie – qu’il qualifie de « tendresse pour l’inconnu » – et revendique le fait de vouloir parler comme sa grand-mère, aujourd’hui âgée de 101 ans, de prôner un langage châtié : il tient par exemple à marquer les négations à l’oral. Il déplore que la langue ne soit plus un support d’élégance, que le fond ait pris le dessus sur la forme, et préfère l’expression orale de Balladur aux tweets plein d’émoticônes des ministres actuels.
L’auteur nous raconte qu’il a été sollicité pour beaucoup de choses différentes : écriture de pièces de théâtre, écriture de chansons, articles de magazines…mais il préfère se consacrer exclusivement à l’écriture de romans. Son quatrième roman – qui sera donc le troisième publié – a déjà un titre…en anglais, et l’auteur assume la contradiction avec le fait qu’il déteste les anglicismes! Il a déjà tout en tête mais ne l’a pas encore écrit. Il veut prendre son temps, ralentir pour préserver une oisiveté nécessaire à l’imagination et la création (il a par exemple besoin de cinq ou six jours d’affilée pour créer et mettre en place ses personnages) , et pense donc que ce livre ne sortira pas avant trois ans.
En effet, Olivier Bourdeaut fait la promotion d' »En attendant Bojangles » depuis deux ans, un rythme effréné dont il a souffert pour terminer l’écriture de « Pactum Salis ». Lui qui aime lire n’a plus beaucoup de temps pour la lecture, ce qu’il regrette. Avant, il avait du temps mais pas d’argent. Aujourd’hui il a de l’argent mais pas de temps. Il aimerait bien pouvoir profiter des deux!
Merci beaucoup à Julie Henry pour cette belle rencontre!
Je n’avais plus Internet (une première) et au boulot, c’est la course – un peu de calme aujourd’hui et internet de retour.
Je suis ravie de lire ton billet, je l’avais vu en interview et je connaissais son parcours un peu cabossé et son idée de la langue française. La nantaise que je suis connais très bien les marais salants dont il s’agit et je vais l’offrir en cadeau à ma mère (qui l’attend…)
Hâte de lire ton avis sur le roman (j’en ai lu deux dont une mitigée)
ce 2e livre est très différent du 1er…et oui, mon avis aussi va être mitigé!
Voilà qui a du être une belle rencontre ! Je me souviens de la mienne lors du forum Fnac il y a deux ans, dans ce fameux train des années 30. J’en garde un souvenir très fort !
(Psstttt, ce n’est pas chez le Tripode par contre mais chez Finitude 😉 )
oula, j’ai vite changé! merci Noukette 😀
J’avais rencontré l’auteur lors de la remise du prix du Roman des Etudiants France Culture et Télérama (qu’il avait donc gagné) en 2016. J’avais adoré son discours, tout en simplicité où il disait que ce roman était finalement la première chose qu’il ne ratait pas dans sa vie.
En revanche, j’avoue que si j’avais adoré En attendant Bojangles (surtout pour son côté OVNI), j’ai un peu peur pour le second !
Si j’ai l’occasion j’essaierai quand même de le lire 🙂
j’ai lu le second, et je suis très mitigée…
Les critiques presse ne sont pas bonnes du tout.
J’y serais bien allée pour les macarons!
on va dire que j’ai préféré les macarons à son 2e livre…
Quelle belle rencontre !!! Ravie de l’avoir partagée avec toi !
oui!!! et de deux avec la remise du prix des blogueurs 🙂 et bientôt la pièce de théâtre 🙂