« L’oubli » est un premier roman de Frederika Amalia Finkelstein qui a fait beaucoup de bruit lors de cette rentrée littéraire : sélectionnée pour le Renaudot, elle a été fortement soutenue par JMG Le Clezio.
Alma – Dorothea est une jeune fille d’aujourd’hui, qui est obsédée par la Shoah. Shoah à laquelle sa famille a échappé, car son grand-père Jacob s’est embarqué pour Buenos Aires. « L’Oubli » est un monologue d’Alma qui n’arrive pas à dormir et arpente les rues de Paris de chez elle à l’hippodrome d’ Auteuil, encore choquée d’avoir dîné le vendredi précédent avec Martha Eichmann, la petite-fille du Nazi, qui en a tellement rien à faire du passé de sa famille qu’elle n’arrive pas à se rappeler le nom « Auschwitz ».
On suit donc sur 176 pages les réflexions d’Alma, entre des considérations sur « One more time » de Daft Punk, sa soif de Coca-Cola et son chien Edgar qui lui manque. C’est bavard, péremptoire, égocentrique, vaguement hystérique, comme si on était dans la tête d’une jeune fille un brin dérangée, et finalement assez immature. Une collection de pseudo bons mots, de pensées pseudo pertinentes, qui m’ont non seulement ennuyée mais aussi franchement agacée.
Le thème m’intéressait, mais la Shoah – omniprésente dans le récit- m’a fait l’impression d’être un prétexte vendeur et une protection contre les attaques. Pour moi c’est un roman gadget avec la bonne formule : une jeune écrivain (23 ans), une déambulation névrosée dans Paris et la Shoah, le tout enrobé de citations coup de poings.
J’ai oublié de parler de son chien Edgar qu’Alma a poignardé à l’âge de douze ans, avec cette analyse – cerise sur le gâteau: « Mon grand-père a contrarié le mécanisme nazi en fuyant de Pologne à un instant T ; j’ai contrarié le mécanisme de mon existence en supprimant le seul être dont j’étais proche à un instant Y. Mon grand-père a échappé à la mort et moi je l’ai engendrée. Nos destins sont liés par elle, comme nous sommes liés par les nazis et par Edgar. »
Bref, si la mémoire de la troisième génération vous intéresse, lisez « Les Disparus » de Daniel Mendelsohn, vous éviterez un bon gros mal de tête et beaucoup d’énervement.
28e contribution au Challenge 1% Rentrée Littéraire 2014 organisé par Hérisson.
Merci je vais suivre ton conseil.
Ariane
c'est une valeur sûre!
Merci pour le conseil, je ne le lirai pas!! Tu es quand même allée jusqu'au bout. Je crois que j'aurais abandonné assez rapidement, vu ce que tu en dis.
heureusement, il n'est pas très long…
Rien qu'à lire ton article, je suis déjà agacée, alors le livre entier, peu pour moi 😉
bref, je t'ai fait une "fiche lecture" 😉
J'ai pensé moi aussi au roman gadget en lisant plusieurs articles de presse. Du coup je n'a pas cédé à la tentation, et je crois que j'ai bien fait.
Pareil..ton article confirme mes craintes
je n'avais pas vraiment lu d'articles sur elle ou sur le roman, j'y suis allée un peu à l'aveugle
Il ne me tentait pas tellement, sauf que notre co-jurée Pascale m'en avait dit le plus grand bien. Et là je dois te dire, que j'adore ton billet et pas seulement parce qu'il renvoie à notre chouchou Mendelsohn. Je supputais tout ce que tu dis là, et tu le dis drôlement bien.
Ca a vraiment l'air d'être un bouquin porté par le marketing plus que par la qualité littéraire (n'est pas Sagan ou Modiano qui veut …dans le sens d'écrire de véritables oeuvres avant 30 ans)
surtout quand les mauvais côtés de cette écriture sont justement mis en avant pour faire vendre…
j'avais vraiment du mal à rentrer dans le livre, et comme Pascale a insisté en disant qu'il était formidable, je m'y suis mis…bref, la première impression était la bonne…
http://piiaf.com/videos/fiche-de-lecture/article/fiche-de-lecture-s01e06-frederika
Je n'y peux rien, ils me font toujours rire et là ils "parlent" de l'oubli… enfin… à leur manière… toujours étrange