Magic Time – Doug Marlette

Encore un roman que j’avais très envie de lire, et que j’ai sorti de ma LAL à l’occasion du Mois Américain! Cette fois-ci il s’agit de « Magic Time » de Doug Marlette, un pavé bien dense, que j’ai dévoré à toute allure ! (ce qui est toujours bon signe)

En 1965, des membres du Ku Klux Klan avaient incendié une église dans le Mississipi, provoquant quatre morts, de jeunes activistes dans la lutte pour les droits civiques. 25 ans après, en 1990, un des hommes condamnés pour ce crime sort de prison et révèle le nom du commanditaire, ce qui entraîne la réouverture du procès. Le journaliste Carter Ransom retourne à cette occasion dans sa ville natale, étant intimement lié à l’affaire pour deux raisons : son premier amour, Sarah, faisait partie des victimes et c’est son propre père, le Juge Mitchell Ransom qui avait à l’époque mené le procès.  La réouverture de l’affaire va révéler de nombreux secrets dans la petite ville de Troy…

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Doug Marlette

Le récit alterne entre 1965 et 1990. Carter, jeune homme de bonne famille que la ségrégation ne dérangeait finalement pas plus que cela, se retrouve par hasard en contact avec le mouvement pour les droits civiques car son ami d’enfance, Elijah, jeune homme noir qui est le fils de la bonne, y est impliqué. Carter qui déjà à l’époque est journaliste, commence à couvrir les actions des militants, notamment leur campagne pour que les Noirs s’inscrivent sur les listes électorales. Il fait la connaissance de ces jeunes activistes, noirs et blancs, dont Sarah Solomon qui devient sa petite amie. La situation dans le Mississipi est très tendue, une certaine partie de la population, et notamment les membres du Ku Klux Klan, n’hésitant pas à faire preuve de violence, voire même à tuer ceux qui luttent contre la ségrégation. Le récit d’époque est absolument passionnant, j’ai lu très peu d’ouvrages qui évoquent le Mouvement des Droits Civiques, mais cela m’a fait penser aux films « Selma » – un passage du livre se passe d’ailleurs dans cette ville – et « Mississipi Burning » puisque le roman évoque également la disparition des militants Goodman, Schwerner et Chaney. Le roman dépeint la lutte des activistes, mais également les dissensions entre les militants : certains suivent les préceptes de Martin Luther King et prônent la non-violence, d’autres sont pour la lutte armée. Il y a également des tensions entre militants noirs et blancs, certains Noirs ne comprenant pas ce que les Blancs recherchent en s’impliquant dans ce mouvement, et entre militants venant du Nord et ceux du Sud. Il n’y a pas de manichéisme dans les descriptions de Doug Marlette qui présente tout autant des Blancs qui sont pour la ségrégation, moins par racisme que par habitude – pour eux la ségrégation est normale et ils sont effarés à l’idée qu’un Noir puisse fréquenter le même restaurant ou la même école qu’un Blanc – que des Noirs qui sont réticents à s’inscrire sur les listes électorales, par peur des problèmes ou par manque d’éducation, voire même aussi par habitude : pour eux le vote est un droit très lointain et très abstrait réservé aux Blancs.

La partie se passant en 1990 retrace le nouveau procès mais n’est pas uniquement centrée sur le juridique, même si cet aspect est passionnant. (et fait bien sûr penser à « Ne tuez pas l’oiseau moqueur ») Faux-semblants, secrets de famille, corruption, culpabilité, rédemption…le roman vise large, d’autant plus qu’il y a une multitude de personnages, mais « Magic Time » est vraiment très accrocheur. L’auteur montre aussi l’évolution des personnages en vingt-cinq ans, et encore une fois n’est absolument pas manichéen. Il montre également très justement qu’il est difficile quand on a été militant très jeune au péril de sa vie de s’adapter à un monde plus juste, mais aussi moins trépidant, comme le retour compliqué à la vie civile des militaires…  Il y a quand même des bémols : certains personnages m’ont semblé inutiles, il y a une scène apocalyptique que j’ai trouvée mal maîtrisée et quasiment grotesque, et une histoire d’amour tellement sucrée qu’elle pourrait provoquer du diabète. Mais c’est un roman dans lequel on entre très facilement, qui est fluide, dont les pages se tournent toutes seules tant le récit est intéressant et rythmé.

« Magic Time » de Doug Marlette aurait pu être un coup de coeur sans les petits bémols que j’ai mentionnés. C’est en tout cas une fresque passionnante,  dont les deux parties – 1965 et 1990 – sont très réussies, avec notamment une peinture vraiment instructive du Mississipi des années 60. Ne soyez pas rebutés par le fait que ce soit un pavé, il se lit vraiment tout seul et à un rythme effréné!

Publié en Janvier 2016 aux éditions du Cherche-Midi, traduit par Karine Lalechère, 800 pages. 

34e participation au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMélo et 6e participation au Mois Américain 2016.

 

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23 commentaires sur “Magic Time – Doug Marlette

  1. heureuse que ce roman t’ait plu. J’avais également adoré ce roman. Et je suis d’accord avec toi concernant l’inutilité de certains aspects notamment l’histoire d’amour qui m’avait bien agacée. Mais on lui pardonnera car cela reste un très bon roman.

  2. Tu te doutes bien que je veux le lire, celui-là. Mais je vais tout de même patienter un peu et attendre sa parution en poche. Quoiqu’il en soit, ton billet donne envie, malgré les bémols (qui me font un peu peur!)…

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