Les Proies – Thomas Cullinan

Encore un roman qui est à l’affiche de notre Bibliomaniacs de Juillet : « Les Proies » de Thomas Cullinan. Vous avez peut-être vu son adaptation cinématographique de 1971, réalisé par Don Siegel avec Clint Eastwood dans le rôle principal? Le remake de Sofia Coppola, avec un sacré casting, sortira au mois Août.

L’histoire se passe en 1854, durant la guerre de Sécession, dans le Sud des Etats-Unis. Une pré-adolescente, Amelia, élève dans un pensionnat pour jeunes filles, trouve dans les bois un soldat yankee blessé, et le ramène au pensionnat, tenu par Martha Farnsworth, épaulée par sa soeur Harriet. Johnny McBurney, ce jeune soldat d’une vingtaine d’années, se retrouve donc dans ce pensionnat à la population exclusivement féminine, entre les directrices, les quelques élèves, âgées de douze à dix-huit ans qui y résident encore, et la servante noire. Johnny est soigné au pensionnat, où les directrices décident de le cacher pour éviter qu’il soit capturé – voire pire – par l’armée sudiste. Le jeune homme, seule présence masculine, est comme un coq dans la basse-cour et use de son charme pour séduire à tout va. Mais la situation va bientôt dégénérer et se retourner contre lui.

En fait je n’aurais pas dû lire la préface du roman : celle-ci dit que Clint Eastwood n’aurait pas pu lâcher ce livre de la nuit, ce roman « gothique et macabre dans lequel un enfant de douze ans, tout innocente, est embrassée par un charmeur, où des nymphes ravissantes se caressent entre elles »…je m’imaginais donc un roman extrêmement noir et pervers alors que je me suis retrouvée avec un roman très bien écrit, mais qui m’a fait penser à un mélange entre la série « Malory School » écrite par Enid Blyton pour le côté pensionnat, et le film « Huit Femmes » de François Ozon, pour ce groupe de filles et de femmes opposées à un homme. Rien de vraiment sulfureux ni de très sombre dans cette histoire.

L’ambiance de la guerre de Sécession est très bien recréée, on se croit vraiment au XIXe siècle en plein affrontement entre yankees et sudistes, l’atmosphère du pensionnat avec ses secrets et ses rivalités est également très bien retranscrite, Thomas Cullinan a sans nulle doute une jolie plume et j’ai lu ce roman sans déplaisir. Pourtant il y a des longueurs dans ce pavé de plus de 700 pages qui aurait mérité d’être raccourci pour gagner en densité. Tout le roman m’a semblé un peu léger, l’acmé promise ne m’a pas fait un grand effet, et le personnage de Johnny n’avait pas assez de relief et de noirceur à mes yeux.

Tous les éléments étaient réunis pour donner un grand roman : la situation historique, la configuration du roman entre ce groupe de femmes et cet étranger à tout point de vue – Irlandais, Yankee et homme – le huis clos dans ce pensionnat où il ne reste plus qu’une poignée de pensionnaires, les différents caractères décrits…pourtant ce récit n’était pas assez relevé à mon goût. Je pense vraiment que la préface a joué un rôle majeur dans ma déception puisque je m’attendais à un livre magnétique et malsain, or tout m’a du coup paru un peu naïf et cousu de fil blanc…

« Les Proies » de Thomas Cullinan reste un roman plaisant, et lire un livre qui se passe durant la guerre de Sécession est toujours une bonne idée, mais ce n’est pas forcément l’ouvrage de 700 pages que je recommanderais. Reste à voir le film de 1971 et la prestation de Clint Eastwood, et ce qu’en a également fait Sofia Coppola.

Disponible en poche chez Rivages/Noir, traduit par Morgane Saysana, 678 pages.

 

 

 

 

 

 

18 commentaires sur “Les Proies – Thomas Cullinan

  1. J’ai vu la BA de Sofia Coppola et je l’ai adoré, j’ai hâte de voir le film et je ne savais même pas qu’il était tiré d’un livre, du coup j’ai une très grande envie de le lire et j’ai hâte de pouvoir le découvrir. Après en lisant ton avis je serai avertie car j’aime beaucoup les romans très sombres alors je suis curieuse de savoir si je pense comme toi, si je vais être déçue également.

  2. J’avais vraiment aimé ce roman, la manière dont la tension se déroule en effet très doucement, la suggestion de la noirceur sous l’apparente candeur… et je serais curieuse de voir ce qu’en a fait Sofia Coppola. J’ai revu il y a peu l’adaptation avec Clint Eastwood, mais j’ai trouvé qu’elle avait un peu vieilli.

  3. Je crois que je l’ai vu adolescente (le film avec Clint) – j’aime ce que fait Sofia Coppola donc j’irai le voir mais pour le livre, ton billet me dit que je peux passer mon chemin 🙂

    1. du coup je suis bien motivée pour aller voir le film de Sofia Coppola…bon, pour le roman, je le recommanderais s’il comptait 300 pages…à 700 pages, ça passe moins bien…

  4. Ça me disait bien, ce huis-clos, jusqu’à ce que je vois 700 pages ! Et puis, le manque de piquant et le fil blanc… je passe mon chemin et me contenterai de l’adaptation!
    Moi aussi, j’ai eu de grosses réserves sur « Le Chardonneret ».

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