28 jours – David Safier

Je n’avais jamais encore lu David Safier, mais j’avais en tête des couvertures de romans colorées et déjantées, et des histoires un brin loufoques. J’ai donc été surprise en voyant le livre « 28 jours », sa couverture en noir et blanc et ce visage fermé de jeune fille…Et en effet, le sujet de ce roman est grave, puisqu’il nous raconte le soulèvement du ghetto de Varsovie, qui dura 28 jours, du 19 avril au 16 mai 1943, à travers les yeux du personnage principal de ce livre, Mira, seize ans.

Mira est devenu chef de famille depuis que son père est décédé, que sa mère, usée par le chagrin, a baissé les bras, et que son grand frère est parti rejoindre la police juive du ghetto. C’est elle qui se bat au quotidien pour que sa mère et sa petite sœur adorée aient de quoi manger. Au péril de sa vie, elle sort régulièrement en fraude du ghetto et se fait passer pour une Polonaise chrétienne, aidée en cela par ses grands yeux verts, pour acheter quelques victuailles au marché de Varsovie. Malgré les difficultés, la faim, les arrestations arbitraires, les coups, les assassinats, elle ne perd pas espoir et se raccroche à son rêve de partir aux Etats-Unis avec son petit ami Daniel. Un jour où elle est en difficulté, un jeune homme de son âge lui sauve la mise : Mira découvre qu’il est membre du ZOB, une organisation juive du ghetto mise en place pour résister à l’occupation nazie. La jeune fille est de plus en plus inquiète car les rafles se multiplient à l’intérieur du ghetto. Elle cherche par tous les moyens à sauver sa famille : mettre la main sur des cartes de travail, réussir à s’échapper du ghetto, se cacher?

Sur le ghetto de Varsovie, j’ai lu l’an dernier « Le livre d’Aron » de Jim Shepard qui ne m’avait pas vraiment convaincue. J’ai beaucoup plus apprécié « 28 jours » de David Safier qui, à mes yeux peut aussi convenir à un public adolescent. Je ne suis pas une experte du ghetto de Varsovie, mais d’après les articles que j’ai également lus sur le sujet, le fond historique du roman m’a semblé réaliste : les conditions inhumaines de détention, la perversité nazie avec la gestion du ghetto confiée au Conseil Juif, aidé par une police juive – les organismes juifs étant contraints par les Nazis d’organiser les déportations, ce qui créait des antagonismes au sein de la population détenue, voire même au sein des familles –  les rafles successives, l’orphelinat de Janucz Korczak, l’organisation de résistance juive, le déroulement de l’insurrection du ghetto…

Ce fond historique très grave (certaines scènes sont très dures) est conjugué avec le personnage adolescent de Mira. Un personnage qui a soif de survivre, qui est débrouillard, plein de fougue et d’espoir, et qui même dans un contexte extrêmement difficile, reste une adolescente, aux prises avec les premiers émois amoureux. Le fait que l’histoire soit racontée par Mira la rend accessible, la jeune fille est attachante malgré son caractère dur, et les lecteurs adolescents ou jeunes adultes pourront facilement s’identifier, ce qui donne un côté émotionnel au récit, sans tomber dans le pathos.

« 28 jours » de David Safier est un roman accessible pour un public adolescent tout en restant intéressant pour un public plus mûr. Il réussit à être très informatif sur le ghetto de Varsovie et sur son insurrection sans lourdeur documentaire ni froideur, l’héroïne adolescente donnant un vrai souffle au récit.

Publié en Octobre 2017 aux Presses de la Cité, traduit par Catherine Barret, 416 pages.

29e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2017.

2 commentaires sur “28 jours – David Safier

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