L’Echo du Temps – Kevin Powers

J’ai entendu beaucoup de bien du premier roman de Kevin Powers, « Yellow Birds », et quand, grâce à Léa et au Picabo River Book Club, j’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteur et de lire son nouveau livre, « L’Echo du Temps », j’ai sauté sur l’occasion.

En 1956, George Seldom est un très vieil homme qui ne connait pas ses origines. Il sait seulement qu’il a été trouvé à l’âge de trois ans et confié à la dame âgée qui l’a élevé. Il décide de retourner en Virginie pour en savoir plus sur son passé. Au milieu du XIXe siècle, à Richmond, en Virginie, Bob Reid possède une plantation sur laquelle vivent sa fille Emily et ses esclaves, dont Rawls, un adolescent fugueur qui décide de partir à la recherche de celle qu’il aime, une jeune esclave nommée Nurse…Quelques années plus tard, Bob Reid part combattre lors de la Guerre de Sécession. Son voisin d’origine française, Anthony Levallois, un homme dur et cruel, en profite pour convoiter ses terres et pour se rapprocher d’Emily…

« L’Echo du Temps » est un livre dans lequel on navigue continuellement entre plusieurs époques. Je sais que cela a gêné certains lecteurs, qui se sont perdus entre les différentes périodes et qui ont trouvé le récit décousu, mais cela n’a pas été mon cas. Je n’ai pas eu de mal pour m’y retrouver, et j’ai aimé ce choix narratif  – j’apprécie quand un auteur livre un puzzle dont les pièces se mettent graduellement en place… 

Cependant, cet ouvrage m’a laissé une impression mitigée et un goût d’inachevé. Pourtant, tous les ingrédients étaient réunis pour que ce roman soit une grande fresque flamboyante : un « méchant » vraiment méchant, une histoire d’amour, des événements tragiques, de la violence, des trahisons, et puis la Guerre de Sécession…mais ce mélange n’a pas vraiment fonctionné pour moi. Déjà j’ai eu du mal à accrocher au style de Kevin Powers, ce qui ne m’a pas aidée à entrer dans l’histoire, mais cela aurait pu simplement être un bémol si son traitement des personnages ne m’avait pas laissée perplexe : l’auteur passe beaucoup de temps sur des personnages annexes qui ne font pas avancer le récit, alors que d’autres, beaucoup plus importants, manquent de substance et d’incarnation. Par exemple, j’ai trouvé qu’Emily, pourtant centrale, n’était pas assez travaillée, et je n’ai pas compris la fin de Bob Reid…en revanche, même si j’ai beaucoup aimé  Lottie, pourquoi autant développer son personnage et le suivre jusque dans les années 80? J’aurais compris ce genre de digression si le roman avait été un pavé, mais en moins de 300 pages, le temps consacré à un protagoniste (très) secondaire empêche juste d’étoffer un acteur principal, surtout lorsque l’on a l’ambition d’écrire un livre qui couvre une telle période et qui comporte autant de personnages…

Vous l’aurez compris, je n’ai pas vraiment été convaincue par « L’Echo du Temps » même si je lui reconnais des qualités indéniables. Je n’hésiterai cependant pas à lire « Yellow Birds » dont le personnage principal est, comme Kevin Powers, un vétéran de la guerre d’Irak. 

L’avis très enthousiaste d’Electra (La Nuit Je Mens) ici.

Merci à Léa du Picabo River Book Club et aux éditions Delcourt pour cette lecture.

Publié en Octobre 2019 aux éditions Delcourt, traduit par Carole d’Yvoire, 300 pages.

12e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2019.

10 commentaires sur “L’Echo du Temps – Kevin Powers

  1. Je viens de terminer la lecture de « L’Echo du temps » et, comme toi, je ne suis pas convaincue par ce roman. J’ai été gênée par la complexité de la narration, non pas tant par le fait que deux fils se croisent qui se situent à des époques différentes (procédé qui ne me semble pas très original… ), mais surtout par la façon de l’auteur de distiller au compte-gouttes et dans le désordre les éléments nécessaires au lecteur pour se situer et comprendre l’action et les personnages.
    Je partage aussi ton point de vue sur la disproportion dans le traitement des protagonistes : oui, Lottie et Billy sont très sympathiques, mais leur lien avec le cœur du roman est vraiment ténu, alors que le personnage d’Emily reste une silhouette qui aurait pu être mieux dessinée…
    Mais ce qui m’a beaucoup gênée aussi c’est l’impression constante que c’est traduit à la truelle, sans fluidité, sans élégance, sans finesse… Tu dis que tu as du mal avec le style de Powers. Mais est-ce vraiment de style de Powers ? ou est-ce le mauvais style d’une traductrice mal inspirée ? ? ?
    (« Yellow Birds » a eu d’autres traducteurs : Emmanuelle et Philippe Aronson. Espérons que leur travail était de meilleure qualité !)
    En tout cas, merci pour ta chronique !

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