Après « Archives du Vent », lu il y a quelques mois, j’ai retrouvé Pierre Cendors avec son dernier roman, « L’Enigmaire ».
Le récit tourne autour d’un lieu étrange, Orze, village bombardé et rayé de la carte en 1916. Le site abrite les vestiges d’un ancien culte chtonien. Trois personnages assez mystérieux – Laszlo, un jeune homme de vingt-deux ans surnommé « Little Nemo », dont on sait qu’il est le « premier spacien », en permission sur Terre; Adna Szor, une musicienne d’une cinquantaine d’années en deuil de son mari ; Sylvia Pan, une informaticienne de 37 ans – décident de se rendre à Orze…
La plume de Pierre Cendors est toujours aussi belle, avec une grande richesse de vocabulaire, beaucoup de références artistiques, et parfois un petit côté suranné. Une grande partie du récit est néanmoins très nébuleuse, j’ai lu ce livre avec intérêt, mais en me posant sans cesse des questions : qu’est-ce qu’un spacien? qu’est-ce qu’un opposeur? qu’est-ce qu’un dialogueur? qu’est-ce que la Divna? qui est Nausikaa Khan? quel est le lien entre Lazlo, Adna, Severnus, Gottfried Absalom et Job Keeler?
Ce n’est que dans la troisième partie, via le personnage de Sylvia Pan, que Pierre Cendors nous donne des clés pour appréhender ce récit foisonnant et que les pièces du puzzle se mettent doucement en place, tout comme la chronologie et les liens entre les différents personnages. Apparait alors une dystopie avec manipulations génétiques, idéologie aux origines biaisées, espoir d’une vie dans l’Espace, conséquences dramatiques et technologie dépassée…
Pierre Cendors semble avoir une grande confiance en son lectorat : c’est un beau roman, mais 80% du récit est quand même très brumeux, voire peu compréhensible, faute des informations nécessaires– j’aurais sans doute éprouvé un plus grand plaisir de lecture si l’auteur avait distillé tout au long de l’histoire ce qu’il dévoile dans la dernière partie. Le bon côté des choses, c’est que j’ai désormais envie de relire « L’Enigmaire » pour revenir sur ce que je n’avais pas saisi – le mauvais, c’est que certains lecteurs lâcheront sans doute l’affaire avant la fin : si vous ne connaissez pas encore Pierre Cendors, ce n’est pas forcément le roman idéal pour découvrir son œuvre, il vaut mieux se tourner vers « Archives du Vent », ou « Silens Moon »(me dit-on dans l’oreillette)
Publié en Janvier 2021 chez Quidam, 227 pages.