Belén López Peiró est une journaliste argentine qui, à 22 ans, porte plainte contre le mari de sa tante maternelle qui a abusé d’elle de l’âge de 13 ans à l’âge de 17 ans.
« Pourquoi tu revenais tous les étés » est un récit polyphonique où un certain nombre de personnes prennent la parole. Belén bien sûr, mais aussi sa mère, son père, l’avocat, la pédiatre, l’accusé, son épouse, sa fille, l’ex beau-père, l’ex petit copain… les témoignages s’entremêlent avec des documents officiels – rapport de psychologues, dépôt de plaintes, interrogatoires …
C’est le récit d’une adolescence broyée, mais aussi d’une révélation qui fait exploser la famille, entre ceux qui soutiennent Belèn, ceux qui défendent becs et ongles l’oncle – un policier violent, le notable local- ceux qui ne prennent pas parti.
Il y a de la douleur dans ce livre mais aussi beaucoup de colère – contre les parents de Belén qui l’ont négligée suite à leurs problèmes de couple et l’ont confiée à son oncle et sa tante, contre son oncle bien sûr, contre sa tante qui savait mais n’a jamais rien dit, contre la pédiatre qui n’a rien compris en examinant le corps de l’adolescence.
Mais c’est aussi une interrogation sur le statut de victime, qui peut être enfermant, (« ne sois pas ce à quoi t’a réduit ce connard, un résidu ») et sur la libération procurée par le dépôt de la plainte, l’écriture de ce livre – le début d’une nouvelle vie.
Comme le dit l’autrice de la préface Gabriela Cabezón Cámara : « C’est un courage qui se compte en années, des années à se soumettre aux questions, aux interrogatoires, aux expertises et multiples perversions de la justice – y compris la lenteur. (…) À l’instant où elle a mis le point final, Belén n’était plus une victime. C’était l’autrice d’un livre incroyable, qui était parvenue à laisser derrière elle, dans le passé, un abus, Et une bonne partie de la douleur qu’il lui avait causée. Au cours de ce processus d’écriture, il y a eu deux naissances : une écrivaine hors pair. Et une femme forte. »
Publié chez Globe en Septembre 2022, traduit par Marguerite Capelle, 192 pages.