J’avais repéré « Les Gens de Bilbao naissent où ils veulent » à sa sortie, tout simplement pour son titre car j’ai passé quelques jours en 2022 dans cette ville espagnole. Pour autant, tout en en ayant eu de bons échos, je ne savais pas vraiment de quoi parlait ce premier roman de Maria Larrea.
D’inspiration autobiographique, le livre commence en Espagne, avec deux parcours qui oscillent entre le pittoresque et le sordide, ceux de Victoria, placée dans un orphelinat avant d’être reprise dans sa famille à l’adolescence, et de Julian, fils d’une prostituée, qui lui aussi grandit en institution.
Après une jeunesse marquée par l’abandon, la violence et les abus, ils se rencontrent, se marient puis en raison d’une opportunité professionnelle, émigrent en France où Julian devient gardien du Théâtre de la Michodière et Victoria, femme de ménage.
Leur fille Maria naît en 1979. La famille vit petitement à Paris, dans une certaine solitude, le père est alcoolique, frappe parfois sa femme. Maria trace pourtant sa route, intègre la Femis, travaille dans le cinéma, épouse un musicien. A l’âge de 27 ans, une jeune femme lui tire les cartes et lui annonce qu’un mystère entoure sa naissance : elle ne serait pas la fille de ses parents …
Ce livre m’a totalement embarquée ! Le début m’a fait un peu peur, car malgré la plume juste et enlevée de l’autrice et son talent de conteuse qui donne un côté presque picaresque à l’histoire, les éléments racontés étaient assez glauques.
Pourtant, avec la révélation, le récit bascule dans tout ce que j’aime : un secret de famille, une enquête passionnante. Et paradoxalement, le regard de l’autrice se fait beaucoup plus doux, plus empathique, plus aimant, sur ses parents, et ceux-ci s’humanisent au fil des pages.
Il y a un ton, un style particulier dans ce livre qui réussit à évoquer des sujets graves ou complexes avec finesse, justesse, énergie et une certaine auto-dérision.
Une très belle découverte et un premier roman plus que prometteur !
Publié en Août 2022 chez Grasset, 224 pages.
Tout à fait de ton avis, j’ai beaucoup aimé aussi, notamment le ton qui contraste (agréablement) avec les faits racontés.
vraiment hâte de voir ce qu’elle écrira ensuite !