Je ne suis pas sûre que j’aurais lu « Zephyr Alabama » de Robert McCammon sans le podcast Bibliomaniacs dans le cadre duquel nous l’avons mis à l’affiche, car je ne suis pas forcément friande de littérature jeunesse. Le tome 1 d’Anne de Green Gables ne m’avait par exemple pas forcément convaincue, et pourtant, j’ai passé un très plaisant moment de lecture avec ce roman publié originellement en France en 1993 chez Albin Michel sous le titre du « Mystère du Lac », et réédité trente ans plus tard par Monsieur Toussaint Louverture.
L’histoire se déroule en 1964 à Zephyr, petite ville de l’Alabama (d’où le titre), où vit Cory Mackenson, âgé de douze ans, avec ses parents. Leur vie tranquille est bouleversée lorsqu’un matin, alors qu’il accompagne son père, qui livre les bidons de lait, dans sa tournée, tous deux sont témoins d’un drame atroce : une voiture tombe sous leurs yeux dans le lac. Son père, qui a plongé pour venir en aide au conducteur, s’aperçoit que c’est un cadavre menotté au volant qui se trouve dans le véhicule…
Si cette scène laisse supposer un roman policier, Zephyr Alabama » est en réalité un livre touche-à-tout : c’est principalement un roman d’apprentissage, mais qui s’aventure également dans le fantastique et dans le suspense. Si Cory, enfant attachant, qui possède une grande imagination et rêve d’être écrivain, est le narrateur, il est entouré de toute une galerie de personnages hauts en couleurs notamment « La Dame », une femme âgée afro-américaine qui semble avoir de grands pouvoirs ; l’héritier de la grande famille locale, qui invite un jour Cory pour un dîner dans son manoir, ce qui donne lieu à une scène que Tim Burton ne renierait pas, ou encore le bad boy local, décédé dans un accident, qui hante les routes au volant de son automobile.
Cory mène la vie d’un enfant de son âge, entre l’école, le concours d’écriture et les jeux avec les copains, mais la voiture dans le lac marque le début d’un dessillement qui laisse entrevoir les problèmes auxquels est confrontée Zephyr; la fin de la ségrégation raciale est proche, mais le racisme et les actions violentes du KKK sont toujours bien présents; l’implantation de supermarchés tue les petits commerces locaux dont la laiterie qui emploie son père…La relation entre Cory et son père Tom est d’ailleurs l’une des réussites de ce livre puisque le garçon fait son possible pour aider ce père fragilisé par le drame auquel il a assisté et par sa perte d’emploi, et qui s’enfonce dans la dépression.
Si Zephyr Alabama trouve le bon équilibre entre les moments drôles et dramatiques, il souffre néanmoins d’un trop-plein de thèmes : le récit s’éparpille un peu entre les sous-intrigues, et il y a parfois des baisses de rythme, certains passages de ce pavé de six cents pages m’ont semblé un peu longuets ou superflus. Pour autant, la fin du roman rattrape allégrement les moments de mou, avec suspense et scènes d’action haletantes, jusqu’à un final vraiment touchant.
Une jolie surprise, et l’envie de découvrir plus en profondeur l’œuvre de cet auteur américain qui s’illustre surtout dans le fantastique !
Publié en Mars 2022 chez Monsieur Toussaint Louverture, traduit par Stéphane Carn, 608 pages.
Il me tarde de le commencer !
j’espère qu’il te plaira !