Jour encore, nuit à nouveau – Tristan Saule

Après « Mathilde ne dit rien » et « Héroïne », voici le troisième tome de la série des « Chroniques de la Place Carrée » de Tristan Saule.

On y fait la connaissance de Loïc, un habitant plutôt ordinaire de la cité. Un jeune homme d’une trentaine d’années, employé dans une usine des environs, qui vit seul mais est assez proche de sa famille : les parents, les grands-parents, et sa grande sœur, qui est quant à elle mariée et mère de deux enfants. Un peu par hasard, Loïc découvre les cours de théâtre donnés par Ali, et s’y épanouit: pressenti pour jouer un rôle important dans la pièce qu’écrit le professeur, il crée en parallèle sa propre œuvre. 

Le quotidien en apparence tranquille de Loïc bascule avec le confinement lié au Covid. Lorsque les mesures sanitaires s’assouplissent, le jeune homme n’arrive plus à sortir de chez lui: il ne se rend plus à l’usine, décline les activités proposées par ses amis, se retranche chez lui malgré les interventions de sa sœur, et scrute la vie de la cité à travers le viseur de son fusil installé à la fenêtre…

J’ai trouvé que ce troisième tome se distinguait des deux premiers : c’est un roman noir, poisseux, oppressant, dans lequel on plonge dans la tête d’un jeune homme perturbé. Privé d’interactions, tournant en rond chez lui, il perd la notion de la réalité, et s’enferme dans la peur et la paranoïa. 

Avec ce fusil pointé sur la place carrée, le danger n’est jamais loin, et j’ai retenu mon souffle tout au long du récit, en me demandant qui allait être victime des démons de Loïc. L’intrigue revient sur des épisodes de sa vie, qui entraînent doutes et confusions : son passé est-il aussi sombre que ce que l’on devine, ou sommes-nous entraînés dans les fantasmes d’un cerveau malade?

Si le livre a du mal à maintenir son intensité sur la longueur, et tourne parfois un peu en rond, à l’image du personnage principal, le côté sombre et dérangeant, l’atmosphère de huis clos étouffant, sont parfaitement réussis, et j’ai été agréablement surprise par le fait que Tristan Saule sache se renouveler et proposer une œuvre différente dans le cadre de cette série, surtout après la déception que j’avais ressentie à la lecture du précédent opus.

Vivement le prochain tome !

Publié en Janvier 2023 chez le Quartanier, 312 pages.

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