Très belle surprise avec « L’ami du prince » de Marianne Jaeglé, que j’ai découvert dans le cadre du Prix Orange, il fait d’ailleurs partie des 20 demi-finalistes …
En 65 après JC, Sénèque reçoit de la part de Néron l’ordre de se donner la mort. Avant de s’exécuter (dans les deux sens du terme), il écrit une dernière lettre à son ami Lucilius, comme une sorte de bilan de ces quinze dernières années…
En effet, Sénèque n’est pas juste un sujet de l’empereur… pendant toute cette période , il a été le précepteur de Néron, son conseiller, son ami, presque un père pour le jeune homme.
Exilé en Corse par l’empereur Claude, Sénèque a été choisi et rappelé à Rome par Agrippine pour être le précepteur de son fils, alors âgé de douze ans. Sénèque s’est fortement investi dans sa mission, en mettant au cœur de l’éducation qu’il a donné à Néron l’importance de la paix et en tentant de protéger le garçon de l’influence néfaste de l’ambitieuse Agrippine, prête à tout pour que son fils règne sur Rome. Elle aboutira à ses fins puisque Néron deviendra empereur à l’âge de dix-sept ans …
Sénèque va alors avec effarement voir apparaître le vrai visage de celui-ci dont il pensait avoir fait un homme juste et bon…
Le livre est absolument passionnant. Marianne Jaeglé s’est emparée avec beaucoup de finesse de cet épisode de l’Antiquité. Il y a une forte dimension psychologique dans ce drame qui oppose la personnalité tortueuse et complexe de Néron à la bonté et à la sagesse du philosophe, peut-être d’ailleurs aveuglé par ces qualités et par la proximité du pouvoir, et qui ne découvre que trop tard qu’il a contribué à façonner un monstre.
Le roman est vraiment très bien écrit, les personnages sortent de l’éloignement de l’Antiquité qui les a figés dans le passé pour prendre toute leur ampleur et leur incarnation dans ce texte rempli d’émotions, à vocation universelle.
Un coup de cœur !
Publié en Mars 2024 chez Gallimard (L’Arpenteur), 272 pages.
oh je le note alors ! Néron m’a toujours fasciné