La Belle Lumière – Angélique Villeneuve

Angélique Villeneuve est une autrice que j’ai découverte il y a quelques années avec « Nuit de Septembre », puis « Maria », deux livres que j’avais beaucoup aimés. Quant à Helen Keller, c’était l’héroïne d’un de mes livres jeunesse préférés, « L’Histoire d’Helen Keller », de Lorena Hickok chez Folio Junior. Je ne pouvais donc pas passer à côté de « La Belle Lumière ».

L’histoire d’Helen Keller est très connue, que ce soit via les livres qui lui ont été consacrés, son autobiographie, ou encore le film « Miracle en Alabama ». En 1882, âgée de dix-neuf mois, Helen Keller souffre de fortes fièvres : après une dizaine de jours, la fièvre finit par tomber et ses parents la pensent tirée d’affaire, mais ils s’aperçoivent bientôt que la petite fille est devenue sourde et aveugle. Ses parents tentent sans succès de trouver un remède pour qu’elle recouvre les sens perdus. Désemparés, ils voient leur fille, dans l’incapacité de communiquer, de s’exprimer, devenir brutale, sauvage. En 1886, ils entendent parler d’une méthode d’éducation pour les enfants sourds et aveugles et font appel à une éducatrice, Ann Sullivan, pour qu’elle vienne en Alabama s’occuper d’Helen…

« La Belle Lumière » nous raconte cette histoire, mais du point de vue de la mère, Kate. La jeune femme a quitté sa famille et Memphis pour vivre avec son mari Arthur – un veuf de vingt ans son aîné qui a déjà deux fils – dans l’Alabama, où elle ne connait personne. Ses seules vraies interactions se font avec le personnel de maison, mais la différence de classe sociale, le rapport maître-employé, et la ségrégation raciale n’incitent pas au véritable échange. Kate connait le désespoir de tenir sa fille mourante dans ses bras pendant dix jours, le court bonheur de la penser sauvée, puis l’injustice et l’accablement de voir son enfant enfermée en elle-même, faisant des crises, se roulant par terre, frappant les gens à sa portée… mais aussi traitée comme une pestiférée, comme une honte, comme une demeurée par les membres de sa famille, qui n’envisagent pas d’autre issue pour elle que le placement dans un asile.

Angélique Villeneuve transcrit dans une très belle langue la douleur d’une mère, son angoisse pour le futur de son enfant, mais aussi sa détermination : elle croit en les capacités intellectuelles de sa fille, et ne perdra jamais espoir. Mais si le succès de l’apprentissage est indéniable et extraordinaire, elle subira le déchirement d’accepter, pour le bien de son enfant, que celle-ci s’éloigne d’elle, d’abord éduquée par Ann Sullivan (une « yankee » avec qui Kate n’a pas d’atomes crochus) dans une maison en-dehors du foyer familial, puis dans le cadre d’un institut.

« La Belle Lumière » d’Angélique Villeneuve est un magnifique portrait de femme, tout en pudeur, subtilité et introspection : c’est un coup de cœur, qui peut être complété par un livre sur l’apprentissage et la vie d’Helen Keller afin d’en savoir plus sur cette incroyable destinée. 

Publié en Août 2020 aux éditions du Passage, 236 pages.

36e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.

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