« La Patiente du Jeudi » c’est Mona, une trentenaire en apparence semblable à toute autre. Elle est rédactrice pour un magazine, vit à Paris, a un meilleur ami dont elle est très proche, se cherche au niveau amoureux … on pourrait se croire dans n’importe quel feel-good bien de son temps mais Mona a une particularité : depuis l’adolescence, elle fait des malaises, a des hallucinations, parfois des accès de violence inexpliqués, qui pourrissent son quotidien et ses relations avec les autres. Elle finit par chercher de l’aide chez un psy, qui souhaite l’hypnotiser (non, il ne s’agit pas de Gérard Miller) pour trouver des réponses à ses questions. En parallèle, on suit le destin de deux jeunes hommes, Moyshé et Avrum, qui, avant-guerre, décident de quitter la Pologne pour partir aux Etats-Unis.
Le roman commence de manière plaisante, agréable à lire. Pourtant, au fur et à mesure que les pages défilent, Mona est de plus en plus en souffrance. Nathalie Zajde utilise la figure ancestrale du dibbouk (ce qu’avait également fait Irène Kaufer dans « Dibbouks ») pour exprimer les traumatismes, le poids des morts de précédentes générations, des silences, des non-dits qui étouffent et font souffrir Mona, qui n’a pas connaissance de son histoire familiale et qui en quelque sorte est aussi un peu une « enfant cachée ». Comme on dit, « Ceux qui ne peuvent se rappeler le passé sont condamnés à le répéter ».
C’est un beau livre, parfois très dur, qui nous rappelle l’importance du devoir de mémoire, y compris au sein des familles frappées par la Shoah, et qui met en lumière les victimes collatérales : elles n’ont pas été déportées, assassinées mais, famille de déportés, enfants cachés, descendants, elles peuvent porter en elles un traumatisme de la Shoah.
Une belle découverte !
Publié en Janvier 2025 aux éditions de l’Antilope, 264 pages.