Cette année, j’ai décidé de lire beaucoup plus en anglais, et j’avais repéré « La Cagnotte » de Janice Hallett que j’ai donc lu en VO sous le titre « The Appeal ».
Cela a été une très agréable surprise et une lecture vraiment originale ! Un avocat demande à ses deux stagiaires, Charlotte et Femi, de l’aider à traiter un de ses dossiers. Pour ce faire, ils reçoivent la reproduction de tout un tas de mails et de sms, envoyés par différents protagonistes. Parfois il y a la totalité des échanges, parfois seulement ce qui a été envoyé par une personne, sans avoir les réponses de son interlocuteur. Pour certains personnages, il n’y a d’ailleurs absolument aucune communication et on entend parler d’eux seulement via ce que d’autres gens disent d’eux.
On finit par comprendre, en même temps que les stagiaires, le contexte. Nous sommes en 2018, dans un village anglais. Un couple d’infirmiers, Samantha et Kel, revient de plusieurs années de mission humanitaire en Afrique. La collègue de Samantha, Isabel, une jeune femme un peu terne et solitaire, est ravie d’avoir une potentielle nouvelle amie, et lui propose de rejoindre, avec son mari, une troupe d’acteurs amateurs dont elle fait partie. Justement, les Hayward, le couple qui dirige la troupe, est en train d’organiser les auditions pour la nouvelle pièce qu’ils vont mettre en scène. Mais l’organisation est bientôt perturbée par une terrible nouvelle : la petite-fille des Hayward, Poppy, âgée de deux ans, souffre d’une tumeur du cerveau cancéreuse. Le seul espoir de la sauver est un traitement expérimental américain, qui coûte une fortune. Afin de réunir les fonds, les Hayward lancent une cagnotte, aidés par une amie de la famille, l’énergique Sarah-Jane. Mais Samantha semble soupçonner quelque chose et mener une enquête. Est-ce parce qu’elle est à couteaux tirés avec l’oncologue de la petite fille suite à un problème antérieur? ou y a-t-il une autre raison?
On apprend rapidement qu’il y a une mort suspecte dans le village, mais il faudra attendre plus de la moitié du roman avant d’apprendre de qui il s’agit. Nous lisons donc les échanges « à l’aveugle », ce qui n’empêche pas de se faire une idée du caractère des différents personnages et des relations qu’ils entretiennent. Et il y en a des faux-semblants, des petites mesquineries, des mystères, des hypocrisies, des réponses lunaires à des situations graves…
J’ai adoré ce principe qui nous met au même niveau d’information que les deux stagiaires et qui nous questionne tout au long du récit. En tant que lecteur, on a vraiment l’impression d’être le héros, l’enquêteur, et forcément, on se pose beaucoup de questions, on cherche ce qui cloche, quel mobile peuvent avoir les différents personnages. Puis l’avocat intervient, pour challenger les conclusions de ses stagiaires, et apporter des éclairages qui ne pouvaient pas être vus dans les échanges, jusqu’à la résolution finale.
Le livre est prenant, addictif, drôle aussi parfois, car il y a des pointes d’humour british très appréciables, j’ai été accrochée du début jusqu’à la fin en me sentant vraiment actrice de ma lecture. Je lis beaucoup de polars, et j’ai vraiment aimé l’originalité de ce que propose Janice Hallett. Je recommande chaudement!
Publié en Mars 2024 chez Denoël, traduit par Cécile Leclère, 560 pages.
vendu !
Voilà qui donne grandement envie de s’y lancer. Merci !