Je suis toujours avec attention les parutions Sonatine et « Ennemies publiques » de Hannah Deitch m’a fait de l’œil dès sa sortie.
Evie Gordon est tutrice à domicile pour l’examen d’entrée à l’université américaine (le SAT). Elle a notamment pour élève Serena Victor, une lycéenne issue d’une famille très riche. Un dimanche où Evie doit lui donner un cours, elle découvre en arrivant à la maison des Victor, les cadavres des parents. Entendant une voix qui appelle à l’aide, elle délivre une jeune femme en piteux état qui était attachée dans une pièce sous l’escalier. C’est à ce moment-là que Serena arrive: dans la confusion qui s’ensuit, Evie assomme par accident la lycéenne devant le petit ami de celle-ci. La tutrice, que tout semble donc accuser pour les meurtres, s’enfuit alors avec la femme qu’elle a libérée.
J’ai lu avec beaucoup de plaisir ce livre qui met en scène deux femmes attachantes, Evie qui se retrouve embarquée dans une histoire complètement folle et sa mystérieuse coéquipière dont on ne sait pas qui elle est et ce qui lui est arrivé. La relation entre ces deux femmes qui apprennent à se connaître et à survivre ensemble est vraiment intéressante même si elle aurait mérité selon moi d’être plus développée.
J’ai aimé qu’Evie suive l’affaire également via le prisme des médias– puisqu’elle découvre des éléments en regardant la télévision ou sur internet. Il y a aussi toute une réflexion dans ce livre sur la précarité et sur le déclassement social – Evie est très diplômée mais n’a jamais réussi à s’insérer dans le milieu professionnel, et à gagner convenablement sa vie, son travail de tutrice est un pis-aller.
Mon seul bémol serait le rythme du roman, j’ai trouvé toute la première partie – qui consiste en une fuite et donc un road-trip – un peu trop répétitive et linéaire, il faut avoir lu plus de la moitié du roman pour vraiment en savoir plus sur la jeune femme qui accompagne Evie. La fin, qui est plus axée sur la psychologie, m’a semblé plus riche et intéressante.
Une autrice à suivre !
Publié en Mai 2025 chez Sonatine, traduit par Cindy Colin-Kapen, 400 pages.