Pétersbourg – Schalom Asch

Cela faisait longtemps que j’avais envie de lire la trilogie de Schalom Asch, qui débute avec « Pétersbourg », tome traduit par Alexandre Vialatte, et préfacé par Stefan Zweig, excusez du peu.

Dans la Russie tsariste, en 1910, l’auteur nous met en présence du célèbre avocat juif Salomon Ossipovitch Halperine, dont la renommée va bien au-delà de Saint-Petersbourg. Père de deux enfants, il accorde la main de sa fille Nina à son jeune assistant Zakhari Mirkin.
Zakhari est lui aussi issu d’une famille juive riche et puissante. Mais si son père Gabriel est un noceur, un jouisseur, le jeune homme est d’un naturel plus réservé et solitaire. Sa mère, malade, s’étant exilée pour se soigner, avant de décéder, et son père étant toujours par monts et par vaux, c’est sa nourrice qui l’a élevé. D’ailleurs il se sent finalement bien plus proche d’Olga, la mère de Nina, calme et bienveillante, que de la jeune fille impétueuse et fêtarde. Via son travail, Zakhari découvre également un monde qui lui est inconnu, celui des Juifs défavorisés venant des lointaines provinces et notamment de Pologne, pour plaider auprès du tsar la cause d’un proche lourdement condamné pour des raisons ou futiles ou inventées de toutes pièces.
Écrit il y a près de cent ans, le livre reste très accessible et assez moderne dans les thèmes qu’il évoque. Asch évoque le complexe d’Œdipe mais aussi la découverte d’une identité. Zakhari a toujours évolué dans un milieu très favorisé, où l’on est Juif sans être pratiquant, où l’on se revendique surtout russe, et où la fortune, la renommée, l’expertise, les relations commerciales et politiques tiennent à distance l’antisémitisme, ou tout du moins, la violence – physique ou judiciaire- qui en découle, à laquelle sont beaucoup plus exposées les petites gens de province.
Récit initiatique et début d’une grande fresque romanesque et historique, « Petersbourg », qui se déroule dans un monde qui va être bouleversé seulement quelques années plus tard avec la Première Guerre mondiale et la révolution russe, donne plus qu’envie de se plonger dans les deux tomes suivants, « Varsovie » et « Moscou ».
Disponible chez Archipoche dans une traduction d’Alexandre Vialatte.

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