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J’ai découvert en 2014 Mechtild Borrmann, auteure allemande, avec deux titres : « Le Violoniste » qui a d’ailleurs reçu le Prix ELLE Policier 2015, et « Rompre le Silence », que j’ai beaucoup aimés. J’étais donc ravie d’avoir l’occasion de lire son nouveau roman « L’Envers de l’Espoir », d’autant plus que derrière un titre un brin harlequinesque se cache un livre passionnant.
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L’intrigue de « L’Envers de l’Espoir » navigue entre Allemagne et Ukraine, et mêle trois histoires. En Ukraine de nos jours, Valentina a décidé de vivre dans la zone d’exclusion, c’est-à-dire la zone interdite d’habitation à la suite de la catastrophe de Tchernobyl. Cette catastrophe, Valentina l’a vécue de très près puisqu’elle vivait dans un petit village non loin de la Centrale, où son mari travaillait. Sa famille fut touchée de plein fouet par l’horreur de la contamination. C’est cette histoire qu’elle écrit pour sa fille, pour quand elle reviendra. En effet, Katarina n’a plus donné de nouvelles depuis qu’elle est partie en Allemagne avec sa meilleure amie pour y étudier et y travailler.
En Allemagne, dans un village, un homme âgé, Matthias Lessmann, recueille une jeune fille ukrainienne poursuivie par deux hommes.
Un policier ukrainien, Leonid, débarque en Allemagne. Il mène à titre personnel une enquête pour découvrir ce qui est arrivé à des centaines de jeunes filles qui ont disparu après avoir trouvé un travail en Allemagne dans le cadre de leurs études.
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J’ai dévoré « L’Envers de l’Espoir ». Difficile de ne pas s’attacher à Valentina qui raconte sa vie, marquée par le communisme, quand tout peut basculer à la suite d’une dénonciation ou du moindre soupçon. Malgré les difficultés, elle vivait une vie heureuse jusqu’à ce que la catastrophe de Tchernobyl vienne tout bouleverser et fasse voler en éclat sa famille. L’histoire est racontée de l’intérieur, et on assiste à tous ces petits épisodes a priori anodins qui annoncent l’horreur… une route trop souvent goudronnée, des alertes « sans gravité »… et puis la catastrophe qui prend au piège les gens, qu’ils soient employés de la Centrale comme le mari de Valentina ou habitants des alentours. Manque de protection, manque de réactivité des autorités qui préfèrent rassurer que soigner, manque de soins…La population ne se doute pas de l’ampleur du danger et ne fuit pas, ou pas assez loin – et quand elle le veut, les policiers armés de compteurs Geiger les empêchent de partir en voitures car celles-ci sont contaminées. Cela n’empêchera pourtant pas le bétail de Tchernobyl d’être disséminé dans tout le pays, donnant donc de la viande contaminée à l’ensemble de la population ukrainienne, ni les affaires restant dans la zone d’exclusion d’être volées et vendues un peu partout à très bas prix, des vêtements, de la literie, des landaus irradiés étant donc utilisés dans l’ensemble du pays. Cette situation, et les souffrances de la population font frémir, d’autant plus que les traitements contre les cancers et leucémies se déclarant beaucoup plus tard étaient tellement chers que les personnes atteintes ne pouvaient se les payer et mourraient faute de soins.
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Les destinées de la fille de Valentina, Katarina, et de son amie Olena sont tragiques et l’auteur montre bien les souffrances du peuple ukrainien, et notamment des femmes : la mère de Valentina fut envoyée de force en Allemagne pour y travailler durant la Seconde Guerre Mondiale, Valentina connut l’horreur à cause de Tchernobyl, quant à Katarina, elle tombera dans les griffes d’un réseau de prostitution forcée. Mechtild Borrmann souligne les vies sans espoir des femmes de Tchernobyl, que les hommes ne veulent pas épouser de peur d’avoir des enfants handicapés et dont la seule issue est souvent d’essayer d’aller vivre à l’Ouest, à leurs risques et périls.
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« L’Envers de l’Espoir » ne m’a pas semblé souffrir d’incohérences contrairement aux deux autres romans de Mechtild Borrmann – que j’avais quand même beaucoup aimés. L’écriture est fluide, les personnages sont attachants, et les trois histoires sont très bien mêlées, sans construction artificielle. J’ai particulièrement apprécié le personnage de Matthias Lessmann, le veuf qui recueille la jeune fille, dont l’auteure fait le portrait sans manichéisme, mettant aussi en avant ses doutes, ses errements, et ses choix parfois discutables. Même si le roman est empreint d’une tristesse certaine, malgré la somme des événements tragiques décrits « L’Envers de l’Espoir » n’est pas un livre pesant, et se lit avec envie et facilité.
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Après deux romans que j’ai beaucoup aimés, c’est donc un retour gagnant de Mechtild Borrmann avec « L’Envers de l’Espoir », un beau livre sur Tchernobyl et sur la souffrance des femmes ukrainiennes. Une valeur sûre, et une auteure à découvrir si ce n’est pas déjà fait.
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Publié le 6 Avril 2016 aux Editions JC Lattes, traduit par Sylvie Roussel, 288 pages.
Hâte de lire ta chronique sur le livre que tu lis en ce moment, il me tente bien celui là !
Youhou, un nouveau livre de Mechtild Bormann, je vais me jeter dessus!
Inconnue au bataillon, je vais m'intéresser au cas de cette auteure !
Je ne connais pas l'auteure mais le sujet de ce roman m'intéresse.
Je le lirais bien celui-là. Même si – anniversaire oblige, sans doute – on parle beaucoup de Tchernobyl en ce moment. C'est déjà le sujet du roman que je suis en train de lire : 86 année blanche, de Lucile Bordes.
oh je ne l'ai jamais lue .. je commencerais par le premier donc .. sinon je viens d'aller voir sur un site pour ta lecture en cours.. triste mais si vrai … j'attends aussi ton avis !
Ma PAL ne fait qu'augmenter, mon carnet de Lectures ( ce que j'ai envie de lire) déborde de titres mais je le note !
@ Clara : je pense qu'il va te plaire 🙂
@ Electra : le Violoniste devrait te plaire… mon billet sur la lecture en cours sera publié en Mai
@ Delphine : je viens de réaliser que c'était l'"anniversaire" des 30 ans…
@ Edyta et Noukette: elle est surtout connue pour Le Violoniste, qui se passe en Russie (enfin, plutôt en URSS, vu l'époque)
@ mon petit chapitre : je me souviens de ton enthousiasme pour Le Violoniste
@ Joëlle : en Mai sur le blog !