Han Kang a reçu le Prix Nobel de Littérature en 2024. Dans « La Végétarienne », publié en Corée du Sud il y a près de vingt ans, elle met en scène Yŏnghye, une jeune femme mariée. Une nuit, son époux la retrouve dans la cuisine, en train de vider le frigo et le congélateur de tout aliment d’origine animale. Aucune revendication politique ou diététique, c’est à la suite d’un rêve qu’elle agit ainsi. Lui qui l’a épousée pour son absolue banalité est bientôt effaré par son comportement, d’autant plus que la jeune femme maigrit à vue d’œil, jusqu’à devenir squelettique, et le repousse a cause de son odeur animale. C’est alors que la famille de Yŏnghye, alertée, se mêle de la partie …
Voici un roman à la fois étrange et fascinant, qui ne m’a pas emmenée là où je pensais aller. Le livre est en fait un triptyque, puisque nous avons ensuite le point de vue du beau-frère de Yŏnghye (le mari de sa sœur aînée), un artiste qui la regarde d’un œil nouveau depuis qu’il a appris incidemment qu’elle possède encore une tache mongolique. Puis ce sera au tour de la sœur de la jeune femme, Inhye.
Le texte est assez morbide, parfois sensuel et érotique (ce à quoi je ne m’attendais pas), et nous parle du rapport au corps, au végétal, mais aussi de la place de la femme dans la société coréenne. Une histoire assez triste et sombre, entre mal-être et malaise – les couples ne s’aiment pas, les relations sont codifiées, le père est violent, les hommes se perdent dans le travail ou dans le sexe , les femmes sombrent dans l’anorexie, la dépression, la folie.
Un texte à la fois beau, étrange et dérangeant, qui a su me surprendre.
Disponible au Livre de Poche, traduit par Eun Jin Jeong et Jacques Batilliot, 216 pages.