J’ai beaucoup aimé la trilogie des Falsificateurs d’Antoine Bello, et si j’ai eu plus de mal avec « Eloge de la Pièce Manquante », je ne peux pas nier pour autant le talent de l’auteur et son imagination débordante. J’étais donc très impatiente de lire « Ada », son nouvel opus…et me voilà bien embêtée pour rédiger mon billet.
« Ada » commence comme une enquête policière. L’inspecteur Frank Logan, spécialisé dans la recherche de personnes disparues, est chargé de retrouver une certaine Ada. Celle-ci n’est néanmoins pas une personne, mais une Intelligence Artificielle (A.I en anglais) développée par la société Turing. Ada est une intelligence artificielle destinée à écrire des livres : son premier objectif est de rédiger un roman à l’eau de rose qui se vendra à au moins 100 000 exemplaires… Frank recherche donc qui a dérobé Ada, et dans quel but, mais son enquête ne se déroule pas comme prévu…
Certes, le livre « Ada » a des qualités. Son thème, tout d’abord, celui des A.I, qui est tout à fait fascinant. Une machine peut-elle vraiment penser et agir comme un humain? Et quel sera l’impact pour l’humanité quand les A.I. vont se développer et être bien implantés dans notre société? Le fait qu’Ada soit spécialisée dans la création littéraire permet également de discuter de ce qu’est vraiment la littérature. Afin d’écrire son livre, Ada est « nourrie » de dizaines de milliers de romans à l’eau de rose, par ordre chronologique, et en tire des statistiques : quels sont les ingrédients primordiaux de ce type de littérature, quels sont les facteurs de succès (longueur du titre, nom des personnages, pays où se passe l’intrigue, nombre de scènes osées, etc…) Si Ada est au départ programmée, et doit notamment respecter certaines règles introduites par Turing, la société qui l’a créée, elle s’auto-nourrit de ses découvertes et prend un chemin qui lui est propre, se fixant elle-même de nouveaux objectifs.
Impossible de ne pas fourmiller de questions à la lecture d' »Ada » : quelle est la place du marketing dans le domaine littéraire? , un roman écrit par un ordinateur et non par un humain est-il de la littérature?, quel est la place de l’humain dans une société de plus en plus technologique?, doit-on mettre des limites au progrès technologique pour protéger l’humain? quelle est la vraie différence entre l’humain et l’A.I?
Pourtant, je n’ai pas été emballée par ce nouveau roman d’Antoine Bello. Même si le thème et les questions qui en découlent sont très intéressants, j’ai trouvé que ce livre manquait de densité. Peut-être que l’auteur a voulu écrire une pochade, mais je reste insensible à ce type d’ouvrage. Les personnages sont très caricaturaux : Frank le flic un peu paumé en quête d’idéal, sa femme Nicole qui est un archétype de la Française vue par les Américains – une gaucho qui boit, fume et manque de cohérence- Snyder, la chef de Franck, une femme ambitieuse et sans cœur, ou les fondateurs de Turing entre le businessman cynique qui ne pense qu’à faire de l’argent et à courir la gueuse et le geek qui ne vit que pour l’informatique. Le récit est parfois poussif, et manque de la vivacité que j’aime habituellement chez Bello, l’intrigue est peu surprenante alors que ce roman aurait pu être très malin et déroutant, certaines scènes sont cliché… Peut-être est-ce du second degré et l’auteur veut nous montrer ce que pourrait être un roman écrit par une A.I, avec tous les clichés passés à la moulinette, mais j’en attendais plus vu le thème abordé et le talent et l’ambition habituels de Bello.
« Ada » d’Antoine Bello se lit sans déplaisir, mais n’est pas le roman brillant que j’attendais même s’il a le mérite de s’appuyer sur un thème passionnant et de générer beaucoup de questions importantes sur la littérature et sur le rapport de notre société à la technologie. Ce n’est pas un mauvais livre, mais c’est quand même une déception.
Publié en Août 2016 chez Gallimard, 368 pages.
6e lecture de la Rentrée Littéraire 2016 et 8e participation au Mois Américain 2016
Une pochade ? impossible de ne pas lire ta déception à la lecture de ce roman malgré les thèmes abordés. J’imagine, surtout quand on aime un auteur.. Pour ma part, j’abandonne un livre (et même physiquement, oublié à mon boulot) Je ne connais pas l’auteur et son style m’a fatiguée ! j’en parlerais peut-être …J’espère que Bello ressortira un autre roman qui te fera renouer avec enthousiasme à son oeuvre !
je n’ai pas encore tout lu de lui donc je trouverai bien d’autres livres qui me plairont… j’avais envie d’écrire une « pôchaaaaaade » comme le prononce Busnel ^^ c’était quoi le livre que tu as abandonné?
ah bon il prononce comme ça ?? LOL
J’ai préparé un billet où je parle de mes abandons, ça m’arrive très rarement – un bouquin de Le Corre – il est apparemment très apprécié pour son style auquel je n’ai pas du tout accroché !
Ton article est très intéressant. Je crois que j’aimerais tout de même découvrir ce roman mais tu m’invites à ne pas trop en attendre.
PS : Sur ton inspiration, je vais recevoir le dernier Molly Prentiss aux matchs de la rentrée littéraire de Priceminister. J’ai hâte !
j’ai vraiment la pression pour le Molly Prentiss, Electra l’a aussi demandé suite à mon billet, j’espère du coup qu’il vous plaira ^^
si tu ne connais pas encore Bello, les Falsificateurs est un très bon roman
Excellent ! tu vois l’impact que tu as sur nous 😉
Oh, ça alors ! Personnellement, je me suis follement amusée à lire ce roman, qui m’a parfois fait littéralement éclater de rire. Je l’ai trouvé riche et même si, je te l’accorde, certaines ficelles sont peut-être un peu grosses, je l’ai trouvé très intelligent et bien mené. Mais c’était mon premier Bello et peut-être les précédents sont-ils encore meilleurs… d’où ta déception 😉
je pense qu’il y a beaucoup de second degré à côté duquel je suis passée…mais effectivement j’ai trouvé les précédents plus riches, plus denses, mieux construits…
Jamais lu cet auteur mais le thème ne m’intéresse pas une seconde donc même si tu avais adoré j’aurais passé mon tour 😉
tout est bien qui finit bien, alors 🙂
Je n’ai toujours pas lu cet auteur en débit de l’appel du pied des inconditionnelles. Je choisirai un autre titre !
il a pourtant beaucoup plu à certaines, notamment Delphine…mais il n’était pas pour moi
Je te trouve très cruelle avec ce roman… Pour ma part, J’adore l’humour de l’auteur et sa capacité à soulever plein de questions passionnantes. Donc, si tu veux lire un très, très bon Bello, il faut que tu lises Roman américain 😉
j’ai effectivement prévu de lire Roman Américain! (et la disparition d’Emilie Brunet)
cruelle, peut-être pas ^^ mais déçue, certainement !
Cruelle, parce que tu ne lui as mis que deux cœurs sur cinq et ça me paraît peu pour un roman aussi intelligent 😉
c’est vrai, j’aurais pu mettre 2 coeurs et demi 😀
Même si c’est une déception, je note ce romaN. L’un des rares à me tenter dans cette rentrée littéraire…
j’ai vu passer quelques billets très positifs voire même enthousiastes à son sujet…
tu es déçue par cette RL? moi il y a énormément de livres qui me font vraiment envie
Ah oui, Roman américain, je te recommande (je suis à deux doigts de le relire, pareil pour eloge de la pièce manquante, mes deux préférés)
Je suis comme papillon journal d’une lectrice, à savoir fan absolue de Bello et pas objective, j’ai tardé à lire ton billet (je savais par facebook que tu avais des bémols) et aussi le billlet sur bibliosurf de qqn qui raconte absolument tout (hé oui), alors maintenat que j’ai dévoré ledit opus hier en après midi et soirée, je peux me poser.
Oui, j’ai ressenti une impression de ‘ficelles’ durant ma lecture, mais je poursuivais quand même parce que c’est bien fichu, et puis et puis la fin m’a bluffée et j’ai un peu mieux compris mes impressions…
Je déteste les gens qui racontent toute l’histoire dans leur billet !! mais oui, je note de lire « Roman Américain » 🙂
Niarniarniar….
Enfin un peu de lucidité sur Bello
(je plaisante évidemment mais je suis soulagée que tu ne me fasses pas lire un autre Bello 🙂 )
grrrrrrrrr 😀