Réparer les Vivants – Maylis de Kerangal

Qu’il est doux de tomber sur un bijou inattendu ! Enfin… inattendu, pas tant que ça, puisque la rumeur favorable avait précédé ma lecture de ‘Réparer les Vivants’. Pourtant je ne pensais pas que mon quatrième et donc dernier coup de cœur du non-challenge de Galéa porterait sur un livre de Maylis de Kerangal- dont le ‘Naissance d’un Pont’ m’avait laissée assez froide même s’il ne m’avait pas non plus déplu- et sur un sujet comme la transplantation cardiaque, qui a priori ne m’attirait pas plus que ça.
Et pourtant…je me suis laissée entraîner, porter par ce roman comme un surfeur par sa vague.
D’ailleurs il y a une scène de surf magnifique au début du récit, une scène qui repose sur une seule et même phrase, qui coule sur trente et une lignes, et qui m’a complètement transportée.
J’ai vanté il y a quelques temps la beauté de la langue de Sorj Chalandon, mais je dois avouer que celle de Maylis de Kerangal est encore plus belle. L’auteur m’a captée dès la première ligne, et m’a fait valser tout le long du roman d’un personnage à un autre sans me lâcher, presque sans que j’ose respirer de peur de rompre le charme.
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A la suite d’un accident, le jeune Simon Limbres est en état de mort cérébrale, même si son cœur continue de battre. Depuis 1959-‘déposition du cœur et sacre du cerveau ‘, c’est l’arrêt des fonctions cérébrales et non celui du cœur qui est le signe de la mort. C’est le branle-bas de combat dans le service de réanimation de l’hôpital où il se trouve car ses organes pourraient servir à sauver des vies. ‘Enterrer les morts et réparer les vivants’, comme le dit si bien l’un des protagonistes. Et on passe d’un personnage clé à un autre, de Simon à l’anesthésiste Pierre Révol, aux parents Marianne et Sean, au coordinateur Thomas Rémige, à l’infirmière Cordélia Owl, au chirurgien Harfang, à Claire qui attend un cœur… en quelques détails, quelques situations, Maylis de Kerangal réussit à créer des personnages qui existent, que l’on visualise, en qui l’on croit.

Il y a une vraie virtuosité dans l’usage du rythme. Tout est dosé à la perfection pour que le récit tienne sur vingt-quatre heures tout en donnant le temps aux personnages de s’incarner, aux décors de se planter, aux atmosphères de se créer. Il y a une voix pour chaque personnage, et surtout un sens du mot juste, et de la formule, qui force l’admiration. En refermant ce livre, j’avais à la fois les larmes aux yeux et envie de donner mes organes…
Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman… si vous souhaitez entendre mes camarades Coralie, Laure, Marjorie et moi-même en parler, c’est ici, dans le cadre de la deuxième session de Bibliomaniacs, avec aussi Confiteor et Esprit d’Hiver.
‘Réparer les Vivants’ est une lecture commune avec Valérie.

Publié le 2 Janvier 2014 aux Editions Verticales, 288 pages.

14 commentaires sur “Réparer les Vivants – Maylis de Kerangal

  1. C'est une vraie pépite ce roman. Je ne connais personne qui écrive aussi bien qu'elle. C'est du plaisir à l'état pur. Quelle maîtrise! Je suis ravie que notre première LC tombe sur cette merveille.

  2. oh mais quel beau billet Eva….je l'intègre avec grand plaisir au non-challenge, même si je ne suis pas certaine d'être pressée de le lire….(le sujet me rebute quand même beaucoup). Mais avec un tel enthousiasme, comment passer à côté n'est ce pas?

  3. Moi qui pour raisons personnelles suis impliqué dans la propagande pour le don d'organes, vous m'avez convaincu de lire "réparer les vivants"
    Dom du Val des Dunes

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