Un Héros – Félicité Herzog

 

A quoi sert d’avoir pour père un héros national, quand celui-ci néglige sa famille, est un coureur de jupons invétérés, et tient des propos sexuels devant sa fille de quinze ans? Dans ce livre, publié avant la mort de son père Maurice Herzog, le célèbre alpiniste, Félicité Herzog montre l’envers du décor, tout en analysant finement le rôle d’un « héros » dans la France de l’immédiat après-guerre. Elle va même jusqu’à donner sa propre version de l’acte héroïque, qui selon elle tient plus du leurre, tout en l’écrivant au conditionnel puisque rien n’a été prouvé.

D’après le titre,  Maurice Herzog aurait donc dû être au cœur de ce livre…et pourtant ce n’est pas lui qui m’a intéressé, ce n’est pas son histoire que j’ai retenue après ma lecture. En effet, les deux figures qui m’ont le plus marquée sont celles du frère de Félicité, Laurent, et de sa mère, Marie-Pierre.
L’histoire de ces deux enfants, élevés de façon assez bohème, liés par une relation très forte, mais toxique et destructrice, m’a beaucoup touchée. Laurent, le frère fusionnel, puis brutal et violent, consumé par sa folie, qui manque d’entraîner sa soeur dans une spirale fatale. J’ai particulièrement été émue par le fait que Félicité Herzog a peu à peu pris la place de son frère, rendue vacante par sa maladie puis sa mort, en se consacrant à la finance, qui était le secteur dans lequel Laurent voulait se réaliser.
La mère, Marie-Pierre, m’a également semblé beaucoup plus intéressante et romanesque que le père. Née de Cossé-Brissac dans une famille antisémite et collabo, descendante des Schneider et du dandy Boni de Castellane, elle sera rejetée par ses parents pour avoir épousé en premières noces Simon Nora, intellectuel juif et résistant, dont elle aura deux enfants-curieusement absent du récit de Félicité Herzog. Philosophe, intellectuelle, mère célibataire après son divorce avec son deuxième mari Maurice Herzog, d’une grande beauté-dont héritera d’ailleurs sa fille Félicité-amie de politiciens et d’écrivains, elle mènera une vie indépendante et libre…tout en réintégrant sa famille aux valeurs pourtant opposées aux siennes dès qu’elle se sera séparée de Simon Nora, et en étant fière de son appartenance à ce clan qui l’aura pourtant tenue à l’écart pendant dix ans. C’est un livre qui m’a d’ailleurs fait penser au récit d’Alexandre Jardin, « Des gens très bien ».
Je n’ai pas vraiment accroché à l’écriture de Félicité Herzog, que j’ai trouvé assez ampoulée, mais j’ai été touchée par son histoire familiale, par la grandeur apparente et la décadence en coulisses, par sa relation avec son frère et par le portrait de sa mère. Un ressenti aux antipodes de ce que je pensais trouver dans ce livre, puisque je l’avais lu pour en savoir plus sur Maurice Herzog, mais un récit qui m’a marquée.

4 commentaires sur “Un Héros – Félicité Herzog

  1. c'est typiquement le type de livres que je fuis en ce moment….j'en ai assez des gens qui sont les personnages principaux de leurs ouvrages et qui règlent leur problèmes familiaux via les éditeurs….peut-être ai-je tort

    1. c'est très particulier en effet et ce n'est pas le genre de livre que j'aime lire non plus…mais c'est vrai qu'il y a des passages qui m'ont beaucoup intéressée dans ce livre. ça ne vaut quand même pas "rien ne s'oppose à la nuit"…

  2. Je me suis occupée de Félicité et de son frère Laurent pendant des nombreuses années. Félicité était une petite fille hargneuse et jalouse et elle n’a pas supporté que ses grands parents de Cossé Brissac ne l’aimait pas beaucoup. Mais le grands parents n’aimaient aucun enfant de Marie Pierre.

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