La femme qui dit non – Gilles Martin-Chauffier

 

Je pensais beaucoup lire durant les vacances de Noël, mais les occupations diverses m’ont distraite de mes lectures malgré la pile de livres à disposition. Le retour au travail m’a permis de retrouver les joies des transports en commun, et donc du temps libre pour lire « La femme qui dit non  » de Gilles Martin-Chauffier.

Le résumé était alléchant : en 1938, Marge, une jeune Anglaise de dix-huit ans accoste par hasard avec son père sur l’Ile-aux-Moines. Elle y rencontre les deux amours de sa vie : Blaise, beau jeune homme un peu terne qu’elle épousera, et Mathias, son meilleur ami, plus exalté, qui devient son amant quand Blaise part rejoindre de Gaulle à Londres, et sera le père biologique de son fils. Marge, de nos jours, âgée de quatre-vingt-dix ans, se souvient de ses amours passées, de son engagement dans la Résistance, et des destins opposés de Blaise et Mathias: si le premier a rejoint les forces françaises libres dès la première heure, le second sera impliqué dans les mouvements indépendantistes bretons, qui espéraient que les Nazis accèdent à leurs revendications en cas de victoire, puis dans la guerre d’Indochine et celle d’Algérie.
Mon ressenti après cette lecture est très mitigé : l’histoire se lit avec plaisir, il y a de très belles pages sur la Bretagne et les événements évoqués sont très intéressants : la Seconde Guerre Mondiale en Bretagne, les mouvements indépendantistes, la guerre d’Indochine, celle d’Algérie…le roman est bien écrit, sur un ton alerte et porté par la voix de Marge qui n’a pas la langue dans sa poche et est une femme libre et moderne. Mais le schéma en lui-même du roman m’a semblé éculé : une histoire à la Jules et Jim, avec deux hommes extrêmement liés mais dont les engagements sont contraires. Quant à Marge, le personnage principal, son insolence et son mépris des conventions sont séduisants, mais c’est une personne égoïste, donneuse de leçons, sûre de son charme et de son bon droit, et profiteuse : certes, elle fait partie de la Résistance – mais j’ai eu plus l’impression que c’était pour passer le temps et connaître le grand frisson, que par réel engagement-, mais n’hésite pas à la Libération à s’associer à un collaborateur, tout en en faisant chanter d’autres pour bâtir son petit pécule, le tout avec un discours politique en permanence très apologique sur la droite française.  Je ne me suis donc pas beaucoup attachée à elle, et ai eu l’impression d’être confrontée à une version anglaise (même si le fait qu’elle soit anglaise n’est curieusement pas beaucoup mis en avant dans le roman. J’aurais pensé qu’une Anglaise en territoire occupé aurait été inquiétée pendant la guerre, mais apparemment pas) de Léa Delmas de la Bicyclette Bleue, qui collectionne les amants, et est confrontée à tous les grands événements historiques des années 30 à nos jours : guerre, résistance, rentrée de déportation, Indochine, Algérie, Jeux Olympiques … J’ai vu arriver le point de rupture familiale à des kilomètres

Gilles Martin-Chauffier s’est inspiré pour ce roman de sa grand-mère Simone, bretonne et résistante, qui fut avec son mari à l’origine de la création du réseau du Musée de l’Homme. Sa grand-mère a certainement eu une personnalité et une vie très intéressante, et j’aimerais bien en savoir plus sur elle, mais ce roman ne m’a pas vraiment accrochée.33e contribution au challenge 1% rentrée littéraire 2014 organisé par Hérisson.

 

Publié chez Grasset le 27 août 2014, 352 pages.

7 commentaires sur “La femme qui dit non – Gilles Martin-Chauffier

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