J’ai récemment eu l’occasion de relire « Minuit dans le jardin du bien et du mal » de John Berendt, qui fait partie de mes livres préférés, et quel bonheur que de replonger dans ce texte que les Américains appellent un « roman non fictionnel » !
« Minuit dans le jardin du bien et du mal » est basé sur une histoire réelle, un fait divers qui a défrayé la chronique dans les années 80, la mort de Danny Hansford, un jeune prostitué/gigolo assez violent, tué par Jim Williams, un antiquaire de Savannah, connu pour ses goûts raffinés et pour la magnifique soirée qu’il donnait dans sa maison, la Mercer House, une fois par an et à laquelle le tout Savannah se battait pour être invité. Le livre relate l’enquête pour déterminer si Jim Williams a tué Danny en état de légitime défense ou par préméditation, ainsi que la procédure judiciaire, longue et fastidieuse puisque Jim Williams fut jugé quatre fois dans le cadre de cette affaire. Mais cette histoire n’est qu’une partie du roman. « Minuit dans le jardin du bien et du mal » est surtout un portrait absolument fascinant de la ville de Savannah, en Géorgie, où se déroule l’affaire.
En effet, Savannah est la ville d’adoption de John Berendt, journaliste new-yorkais, depuis le jour où il s’est aperçu qu’y passer un week end ne lui coûtait pas plus cher qu’un repas dans un restaurant new-yorkais à la mode. Savannah est une belle du Sud qui vit repliée sur elle-même, préférant rejeter des offres de grands groupes qui désirent y installer leur siège plutôt que de se faire envahir par le capitalisme et l’esprit yankee. C’est donc un microcosme, avec ses personnages légendaires, ses coutumes ancestrales, une vraie vie de petite ville où tout le monde se connait, et un esprit mêlant tradition, fantaisie et influence vaudoue.
John Berendt est très doué pour nous faire plonger avec lui dans cette ville, nous décrire l’architecture, les travaux de réhabilitation, les luttes de pouvoir intestines… J’ai visualisé instantanément les maisons, les avenues, l’intérieur raffiné de la Mercer House, et toute la galerie de personnages hauts en couleurs qu’il rencontre, que ce soit Jim Williams, Joe Odom qui squatte les plus belles maisons avec panache, Luther dont on pense qu’il pourrait empoisonner toute la ville, ou Lady Chablis la charismatique transsexuelle qui rend fous les hommes…
Et puis, comme dans tout livre sur le Sud des Etats-Unis qui se respecte, il y a les forces souterraines, celles qui influent sur les hommes contre leur gré… et Jim Williams compte bien les utiliser pour gagner son procès. John Berendt va donc accompagner une sorcière vaudou dans le cimetière où est enterré Danny, le fameux jardin du titre, afin de calmer l’esprit du jeune homme mais aussi de nuire aux ennemis de Jim, pendant la demi-heure du Bien, avant Minuit, et la demi-heure du Mal, après Minuit.
Toutes les histoires se mêlent avec naturel et élégance, et c’est un livre passionnant que nous livre John Berendt, une fiction s’appuyant sur des faits réels. Il y a un procès, du mystère, du vaudou, mais c’est Savannah qu’il réussit à nous présenter comme le vrai personnage principal du livre, une ville que l’on a l’impression de connaître en refermant l’ouvrage, non pas comme si on l’avait visitée, mais comme si on y avait habité pendant des années.
Clint Eastwood a adapté « Minuit dans le jardin du bien et du mal » en film (éponyme) en 1997, je ne l’ai pas revu depuis mais j’ai le souvenir d’un film réussi, très fidèle à l’esprit du livre, et qui rendait magnifiquement bien l’atmosphère de Savannah, avec Kevin Spacey dans le rôle de Jim Williams… Je préfère toujours voir le film après avoir lu le livre, donc je sens que je ne devrais pas tarder à le visionner de nouveau… En tout cas, ce livre de John Berendt est un vrai petit bijou, que je vous conseille, notamment si vous aimez les histoires qui se passent dans la moiteur des villes du Sud, en Louisiane ou en Géorgie. A noter que l’auteur a publié un autre livre, que je n’ai pas encore lu, sur le même modèle – le portrait d’une ville à travers une enquête criminelle – mais cette fois-ci consacré à Venise, à la suite de l’incendie qui a ravagé le Fenice, le célèbre opéra, « La cité des anges déchus ».
Existe en poche chez Pocket, traduit par Thierry Piélat, 388 pages.
Oh j’avais beaucoup aimé le film mais je n’ai jamais acheté le livre, maintenant tu me donnes envie ! Savannah est une très belle ville effectivement et l’ambiance … la moiteur, ah le Sud ! Je le note 🙂
(ps : je crois qu’il y a eu un bug avec ta mise en page au niveau de la photo de l’auteur)
C’est le problème quand on blogue à partir de son iphone 😀
Je ne suis jamais allée dans le Sud des Etats-Unis mais c’est un voyage qui me tente beaucoup…
Du film, je me souviens juste que j’avais beaucoup apprécié la prestation de Kevin Spacey et les décors/paysages. Mais c’est assez lointain, et à te lire, je ne doute pas que le roman me plairait.
Kevin Spacey est absolument génial dans ce film ! (dans la plupart des films d’ailleurs…)
Merci pour le conseil, je ne connais ni le livre ni le film.
J’espère que l’un et/ou l’autre te plairont 🙂
Comment ne pas succomber ?? 😉
succombe, succombe !
Je n’ai jamais lu ce livre mais garde un super souvenir d’une sortie cinéma familiale 🙂
je vais le re-regarder ce soir en dvd 🙂
Bonsoir Eva, que j’avais aimé le film d’Eastwood qui m’avait donné envie d’aller visiter Savannah (peut-être quelques longueurs tout de même). Et j’ai lu dans la foulée le livre mais c’était il y a 18 ans, je ne m’en souvient plus trop. Bonne soirée.
Du coup j’ai revu le film…c’est vrai qu’il est un peu long, mais j’ai adoré l’ambiance et c’est une très bonne adaptation du livre
Je me souviens du film de Clint Eastwood et tu me donnes envie avec ton billet de découvrir le livre. Effectivement, dans le film, c’est surtout l’ambiance qui fait le charme. Alors l’idée de retrouver tout ça dans un roman… Je n’ai plus qu’à attendre la réouverture de ma librairie pour le commander 🙂
Ravie de t’avoir donné envie de lire le roman 🙂