Comment tu parles de ton père – Joann Sfar

J’aime beaucoup le travail de Joann Sfar, notamment la série de bandes dessinées « Le Chat du Rabbin » ou le film « Gainsbourg vie héroïque », et j’ai pu avoir un aperçu de son humour dans les textes qu’il poste parfois sur sa page Facebook. J’étais donc ravie d’apprendre qu’il publiait un texte autobiographique, « Comment tu parles de ton père ». Malheureusement, je ne peux pas dire que j’aie vraiment apprécié ce livre.

Comme son titre l’indique, « Comment tu parles de ton père » évoque le père de l’auteur, André Sfar, décédé il y a quelques années. Un homme charismatique et flamboyant, qui sera marqué par un drame : la mort de sa femme – la mère de Joann – décédée brusquement à l’âge de vingt-six ans, alors que le petit Joann n’avait que trois ans et demi. Le père deviendra paradoxalement religieux et coureur de jupons, avec un nombre de maîtresses assez impressionnant. La plupart des thèmes évoqués dans ce livre sont très intéressants : position vis-à-vis de la religion (celle qui fut la compagne de Joann Sfar pendant trente ans n’est pas juive, au grand dam, au début, d’André Sfar), deuil, héritage familial, relations au père, relations amoureuses…et beaucoup d’anecdotes assez surprenantes et parfois drôles. On sent l’admiration de Joann Sfar pour son père, pour sa carrière, sa culture et son instruction, mais aussi pour son caractère dur et bagarreur et son grand succès auprès des femmes. Le livre est aussi une belle déclaration d’amour pour son ex-femme et mère de ses enfants, Sandrina, qu’il a connu à l’adolescence et avec qui il a vécu trente ans.

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Joann Sfar

Pourtant je n’ai pas vraiment accroché à ce livre – le texte est assez fouillis, avec des redondances. Le récit part dans tous les sens – Joann Sfar évoque aussi bien son père que sa famille maternelle, sa nouvelle petite amie, Israël, son adolescence, ses expériences professionnelles, le tout saupoudré de multiples anecdotes, certaines étant même rabâchées. Bien sûr, tout est plus ou moins relié au père, mais on s’y perd un peu. Certaines réflexions sont très fines, d’autres sont plutôt drôles, mais j’ai trouvé que l’humour de ce texte tombait souvent à plat, voire même flirtait avec la vulgarité. N’est pas Shalom Auslander qui veut, et j’ai globalement été déçue par le niveau littéraire du livre. Bien sûr on sent l’émotion de Joann Sfar, on sent sa tendresse pour son père, pour sa famille, mais ce récit ne m’a pas touchée, j’ai eu l’impression que l’auteur se forçait à écrire un texte humoristique et familier alors qu’il n’en avait pas vraiment envie. Tant la vie de l’auteur que l’histoire de sa famille sont propices à être le sujet d’un livre – les personnages sont hauts en couleur, il y a eu de nombreuses péripéties, des drames, des originalités, des conquêtes…d’ailleurs celui-ci se lit facilement, je ne me suis pas ennuyée, mais je n’ai pas éprouvé un intérêt pour ce texte à la hauteur de ce que cette matière aurait pu donner ni à la hauteur du talent de Joann Sfar.

Il est toujours difficile de juger un texte aussi personnel, mais la construction et le ton de « Comment tu parles de ton père » de Joann Sfar ne m’ont pas vraiment parlé. Malgré les thèmes invoqués qui avaient tout pour me plaire, l’humour maladroit et les redondances ne m’ont pas convaincue. Un livre qui se lit facilement mais qui n’est pas inoubliable. Dommage, car j’en attendais bien plus. 

Publié en Août 2016 chez Albin Michel, 150 pages.

13e lecture de la Rentrée Littéraire 2016

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13 commentaires sur “Comment tu parles de ton père – Joann Sfar

  1. Nos avis se rejoignent complètement!
    D’accord pour l’humour parfois vulgaire et le côté fouillis. Je ne comprends pas qu’il soit retenu sur certaines sélections de prix littéraires.

  2. J’ai adoré l’humour (peut-être que j’aime l’humour vulgaire en fait, je me découvre) et la tendresse de la première partie mais je n’ai pas du tout aimé la dernière partie, celle qu’il reprend un an après.

  3. Je n’étais pas tentée par l’histoire, je ne suis pas non plus fan du dessinateur – je l’ai vu à la LGL – et puis ton avis rejoint celui d’autres aussi mitigés. Je passe mon tour !

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