Bondrée – Andrée A. Michaud

Je ne lis pas souvent des romans québécois, mais je n’avais pas envie de passer à côté du thriller « Bondrée » d’Andrée A. Michaud conseillé par la toujours pertinente Marie-Claude. Et quelle belle couverture !

andree michaud
Andrée A. Michaud

Nous sommes à l’été 67 à Boundary Pond, un lac situé dans le Maine. Américains mais aussi Québécois, puisque l’endroit est très proche de la frontière avec le Québec, y passent leurs vacances dans une colonie de chalets, à la lisière de la forêt. Deux adolescentes un peu effrontées, un peu délurées, sont inséparables : Zaza Mulligan et Sissy Morgan. Une nuit, Zaza rentre chez elle un peu éméchée en traversant la forêt : elle entend des bruits étranges, mais sans doute n’est-ce qu’un renard…Le lendemain, on la retrouve morte, vidée de son sang, la jambe prise dans un piège. Ceux qui ont de la mémoire se souviennent d’un trappeur nommé Pierre Landry qui avait posé de nombreux pièges dans les environs. L’homme s’était pendu devant sa cabane après avoir été repoussé par une femme, une vingtaine d’années auparavant. Quelques jours après le décès de Zaza, c’est Sissy que l’on retrouve morte et scalpée, ce qui lève les derniers doutes concernant un potentiel accident…Un meurtrier rôde, et Franckie, copine de Zaza et Sissy, est peut-être la prochaine victime…

Une partie du récit est racontée par Andrée, une pré-ado, trop jeune pour faire partie de la bande de Sissy et Zaza, mais assez âgée pour se rendre compte du danger et pour espionner et étudier les adultes. Une des particularités du livre est la langue utilisée – si c’est principalement du français, celui-ci est largement saupoudré de mots et de phrases en anglais. Entre les Québécois, les Américains, les familles mixtes, et les ados francophones comme Andrée qui répètent phonétiquement et maladroitement des mots anglais sans trop savoir ce que cela veut dire, c’est parfois folklorique et un peu déconcertant au début, mais le récit retransmet bien ce côté multilingue où l’on ne se comprend pas forcément entre voisins, et où la police doit trouver des habitants bilingues pour interroger les vacanciers francophones.

Alors certes Bondrée (déformation française de Boundary) est un thriller, avec toutes ses composantes : des victimes, de la tension, des policiers qui enquêtent pour retrouver le meurtrier et connaitre les raisons des crimes…Pourtant Bondrée est surtout un roman d’atmosphère. Une tension sourde, on sent les yeux qui espionnent les jeunes filles et on entend les branches qui craquent dans la forêt, mais aussi une certaine langueur, celle d’un été chaud où Andrée n’a pas grand chose à faire de ses journées à part traîner dans le coin avec sa copine Emma, et jouer à la grande en fumant et en se faisant des manucures. L’intrigue est assez lente, j’ai d’ailleurs eu un petit coup de mou vers les 3/4 du roman car j’avais l’impression qu’elle n’avançait plus, mais mon intérêt s’est cependant vite réveillé. Il reste néanmoins une impression de brume après avoir refermé ce livre, car si les crimes sont résolus, des questions subsistent au sujet du meurtrier, même si le lecteur en sait plus que les policiers.

Petite curiosité : la narratrice s’appelle Andrée, comme l’auteure…et le policier en charge du dossier s’appelle Michaud!

Bondrée, d’Andrée A. Michaud est un thriller parfois un peu lent, mais à l’atmosphère et à la langue vraiment originales. Un livre qui sort du lot, et qui donne envie de découvrir les autres romans de l’auteure. 

Publié en Septembre 2016 chez Rivages, 362 pages.

37e lecture de la Rentrée Littéraire 2016.

challenge

20 commentaires sur “Bondrée – Andrée A. Michaud

  1. Tu m’as appâtée avec ta chronique mais j’avoue en avoir un peu marre des livres trop « lents ». Je les cumule en ce moment et c’est assez frustrant. S’il sort en poche, pourquoi pas car la littérature québécoise est une grand inconnue pour moi.

  2. Un beau billet que voilà! Moi aussi, les mots et phrases en anglais m’ont déconcertée au début. Puis, je m’y suis habituée.
    L’atmosphère de ce roman (plus que polar), m’a enchantée. Je tente de mettre la main sur un de ses romans (pas polar) qui reprend presque la même histoire. Je suis curieuse! La lenteur passe mal, on dirait. Surtout dans un polar. Moi, généralement, ça ne me gène pas. Ça repose!
    «la toujours pertinente Marie-Claude»: elle est bien bonne celle-là! J’en ris encore!

  3. J’ai beaucoup aimé mais c’est vrai que le rythme est un peu lent. J’ai surtout aimé l’atmosphère en fait : la forêt dense, la chaleur des mois d’été, les chalets en bois, les vacanciers, l’odeur des hamburgers sur le BBQ, les adolescentes qui fument des clopes et se bronzent sur les quais, …

  4. Le début de ton billet m’a suffisamment refroidie pour que je passe mon chemin (vidée de son sang pour l’une et scalpée pour l’autre… ). Je sais que ce n’est pas mon truc.

  5. je l’ai vu chez Marie-Claude et ailleurs, et il me fait envie ! tu me fais penser qu’il faut que je le réserve à la BM (j’ai une petite place) ! je vois que les commentaires sont mixtes. Tu vas plus vite que moi !

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