Pactum Salis – Olivier Bourdeaut

Comme beaucoup de lecteurs, j’avais été charmée par « En attendant Bojangles » (500 000 exemplaires vendus!), OVNI littéraire et intemporel. Alors bien sûr, le nouveau roman d’Olivier Bourdeaut était attendu avec impatience – avec un peu de crainte aussi, car il n’est jamais facile de publier un livre après un tel succès, surtout lorsque celui-ci est inattendu…ce n’est pas tous les jours qu’un premier roman publié dans une petite maison d’édition se classe en tête des ventes. Et donc le voici ce fameux « Pactum Salis », avec son joli titre en latin…verdict?

Attention, « Pactum Salis » n’a absolument rien à voir avec « En attendant Bojangles ». Il peut être tentant quand un ouvrage a connu un énorme succès de vouloir  continuer sur la même lignée, mais ce n’est pas le cas ici et c’est tant mieux – même si ce nouveau roman va sans doute déstabiliser ceux qui, justement, pensaient rester dans le même univers. L’auteur nous raconte ici la rencontre entre deux hommes qui ont sensiblement le même âge mais mènent des vies très différentes. Michel est une sorte de Rastignac, un agent immobilier prêt à tout pour gagner beaucoup d’argent et assurer son ascension sociale – à commencer par changer de prénom. Jean a aussi tourné le dos à son milieu mais pour devenir paludier et mener une vie routinière et solitaire. Leur rencontre dans les marais salants ne débute pas sous les meilleurs auspices mais un lien se crée entre ces deux caractères opposés. Cependant la première scène du livre, qui s’ouvre sur la découverte d’un cadavre dans les marais salants, semble indiquer que quelque chose a mal tourné…

Il y a du bon (un peu) et du moins bon (beaucoup) dans « Pactum Salis ». L’écriture d’Olivier Bourdeaut est toujours aussi belle, et ses descriptions des lieux et des atmosphères sont particulièrement réussies : je me suis imaginée avec les personnages dans les marais salants, sur la plage, au restaurant, dans la boite de nuit…avec quelques scènes vraiment marquantes où l’auteur montre l’ampleur de son talent. Malheureusement, j’ai trouvé les personnages de Michel et Jean assez caricaturaux, avec des caractéristiques trop soulignées. J’ai essayé de faire fi de cette déception en me disant que l’intrigue allait compenser le manque de finesse et de subtilité dans la création des personnages, mais cela n’a pas été le cas – même si quelques scènes tirent leur épingle du jeu, cette lecture a été poussive. Les aventures de Michel et Jean manquent de lien, de but aussi, car je n’ai pas compris où l’auteur voulait en venir en raison d’une fin que j’ai trouvée complètement ratée.

L’histoire de cette rencontre improbable aurait pu être une réussite, une amitié masculine un peu chaotique et rock’n’roll, une parenthèse enchantée qui bonifie ces deux êtres solitaires. Malheureusement, malgré des descriptions et quelques scènes réussies, Olivier Bourdeaut s’est embourbé dans cette histoire… »Pactum Salis » est un titre magnifique qui cache une grande déception. 

Publié en Janvier 2018 chez Finitude, 256 pages.

Merci à Anne & Arnaud !

7e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2018.

32 commentaires sur “Pactum Salis – Olivier Bourdeaut

  1. Aïe ! Je n’avais pas lu Bojangles (trop de bruit, sans doute) et, comme ce n’est pas le premier avis de cette tonalité que je lis, ça m’étonnerait que je découvre rapidement le talent d’écriture de Bourdeaut – qui est pourtant reconnu et confirmé, même par ceux qui n’ont pas aimé ce titre.

  2. J’avais moi aussi été charmé par son premier titre. J’hésitais avant de lire celui-ci, je crois que je vais a minima attendre sa sortie en poche, les personnages caricaturaux, ça ne m’inspire pas…

  3. Le passage à La Grande Librairie d’Olivier Bourdeaut était pourtant réussi et la présentation du roman, plutôt engageante…
    François Busnel est-il moins exigeant …ou moins impartial que toi ?…

    1. je n’ai pas vu son passage à LGL mais j’ai rencontré l’auteur pour la sortie de ce roman, et il est très sympathique, drôle, il s’exprime très bien donc je ne doute pas que l’émission ait été réussie. François Busnel ne dit jamais de mal des livres qu’il présente et il était difficile de ne pas inviter Olivier Bourdeaut à LGL vu le succès de son premier livre et l’attente de ce 2e roman…

  4. Hum… je ne l’avais pas mis dans mes priorités, Bojangles avait quand même une vraie grâce et c’est toujours très difficile d’enchaîner après un tel succès arrivé par surprise. J’y jetterai certainement un œil par curiosité à l’occasion.

    1. oui c’était un gros défi – et un gros risque, et il a au moins eu le mérite de ne pas sortir une resucée de Bojangles…mais c’est dommage car l’idée était bonne, et avec un travail d’affinage des personnages et une autre fin, le roman aurait été tout à fait honnête

  5. Bon zut alors ! je l’ai vu aussi à la LGL
    disons que j’étais attirée surtout par les lieux car c’est chez moi ! à Guérande, les marais salants .. mais tes bémols (les personnages caricaturaux et la fin) freignent mon enthousiasme.
    Penses-tu que l’éditeur aurait du demander à l’auteur de retravailler son roman ?

    1. à la rencontre organisée avec Olivier Bourdeaut, il a dit qu’il avait passé un mois et demi à corriger son texte à la demande de l’éditeur… mais oui, à mes yeux il y a des choses qui auraient dû être retravaillées, surtout dans le contexte d’une telle attente vis à vis de ce livre…

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