Luz ou le Temps Sauvage – Elsa Osorio

A l’affiche du Bibliomaniacs du mois de Mars, un roman argentin, « Luz ou le Temps Sauvage » d’Elsa Osorio, une auteure que j’avais envie de découvrir suite à un billet très élogieux de Delphine sur son nouveau livre.

Le roman commence par la rencontre à Madrid entre deux Argentins, Luz et Carlos. Celui-ci apprend qu’il est le père biologique de la jeune femme. A l’époque de la conception de Luz, Carlos était en couple avec Liliana et tous deux étaient des opposants politiques. Quand Liliana a été arrêtée, elle était enceinte…Luz va raconter à Carlos dans quelles conditions elle a été volée à sa mère et comment elle a appris la vérité sur ses origines.

La dictature militaire en Argentine avec ses nombreux disparus et ses enfants volés est une période terrible mais aussi passionnante, j’avais donc de grandes attentes vis-à-vis de « Luz ou le Temps Sauvage » qui promettaient des émotions très fortes. J’ai vraiment apprécié la construction et la narration originales de ce livre. En effet, c’est Luz qui raconte à Carlos son histoire. Le roman étant choral, d’autres personnages prennent la parole, mais il y a quand même des interventions de Luz et de son père dans le récit, faisant des remarques, apportant des précisions…

La première partie m’a vraiment beaucoup plu. Il y a une subtilité – et une complexité – dans le récit, Luz n’a pas été volée directement à sa mère biologique par ses parents adoptifs. Intervient un personnage réussi, celui de Miriam, donnant lieu à des scènes très fortes, en huis-clos, entre Liliana et elle. Cette première partie m’a emportée et tenue en haleine.

Cependant, après ce qui est pour moi l’acmé de ce roman, la tension s’est relâchée, et l’intrigue s’est délayée. Si le livre restait intéressant et bien écrit, j’ai trouvé que le récit tournait un peu en rond, et qu’il y avait des longueurs. Dommage qu’Elsa Osorio ait créé un personnage de mère adoptive antipathique à la limite de la caricature, absolument pas attachant, et pour lequel il est impossible d’éprouver de l’empathie. Après Luz, Liliana, Miriam, il aurait été intéressant d’avoir un quatrième personnage féminin qui ait un point de vue valable dans cette histoire, d’autant plus qu’au début de l’histoire l’auteure avait fait en sorte  que les « méchants » ne soient pas les parents. Si des bébés ont été volés, et sans rien excuser en disant cela, c’est bien qu’il y avait un mal d’enfant, une souffrance qu’Elsa Osorio aurait pu exploiter pour donner plus de profondeur au récit.

Malgré ces bémols, j’ai quand même lu « Luz ou le Temps Sauvage » avec plaisir, le récit étant fluide, bien écrit, avec du suspense. Mais avec ce sujet aussi porteur, aussi dramatique, aussi romanesque, c’était quasiment gagné d’avance et je m’attendais à être beaucoup plus conquise que je ne l’ai été. Il n’empêche que l’Argentine est un pays qui m’attire beaucoup et que j’ai envie d’explorer sa littérature, je me laisserai sans doute tenter par un autre roman d’Elsa Osorio…

Publié en 2002 chez Métailié, traduit par François Gaudry, 364 pages. Et en poche chez Points.

17 commentaires sur “Luz ou le Temps Sauvage – Elsa Osorio

  1. Son dernier roman vient de sortir. C’est une nouvelle fois sur la période noire de l’Argentine. Et c’est une nouvelle fois un excellent roman. Caryl Ferey avait également traité le sujet avec son Mapuche. On peut également lire Les jours de l’arc en ciel d’Antonio Skarmeta sur le Chili de Pinochet et son référendum.

    1. Je note ces titres ! j’ai uniquement vu quatre documentaires à ce sujet (l’un récemment où l’on voit de quelle manière ils faisaient disparaitre les corps.. effrayant) et je serai curieuse de lire un livre sur cette période.

  2. Ma lecture est ancienne – je l’avais lu à sa sortie, vers 2000 – donc je ne me souviens pas assez précisément des détails pour répondre à ce que tu dis. Mais je me souviens très bien en revanche avoir été tenue en haleine de bout en bout et avoir trouvé, justement, que les personnages n’étaient pas manichéens. En tout cas, je l’avais adoré et cette lecture reste pour moi marquante.

  3. J’avais adoré ce roman. On dirait que tout le monde est un peu mi figue mi raisin par rapport à la fin, que j’avais pour ma part beaucoup aimée. Je ne savais pas du tout que ça s’était passé…

    1. c’est un épisode de l’histoire de l’Argentine que je connais bien, c’est peut-être pour ça que je n’ai pas été aussi séduite que prévu…

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