La Baronne du Jazz – Stéphane Tamaillon et Priscilla Horviller

« La Baronne du Jazz »,  de Stéphane Tamaillon et Priscilla Horviller, est une bande dessinée consacrée à la vie tumultueuse et passionnante de Pannonica de Koenigswarter, que j’ai découverte avec grand bonheur via ma médiathèque.

Je connaissais Pannonica de Koenigswarter de nom, je savais qu’elle avait été liée à de grands noms du jazz et notamment Thelonious Monk, mais j’ignorais à peu près tout de sa vie. Et quelle vie! Née Rothschild en 1913, dans la branche anglaise de la célèbre famille, elle reçoit une éducation oscillant entre le bohème et le conventionnel. D’ailleurs sa sœur Miriam sera elle aussi une femme engagée et excentrique, même si elle s’illustrera dans d’autres sphères – travaillant durant la Seconde Guerre Mondiale à Bletchley Park au service déchiffrement, et devenant une biologiste de renom, spécialiste des puces.

Pannonica épouse un baron français, Jules de Koenigswarter, avec qui elle aura cinq enfants. Tous deux s’engagent dès le début de la guerre dans les forces françaises libres, rejoignant de Gaulle à Londres, puis parcourant l’Afrique et l’Europe. Après la guerre, elle s’ennuie en femme d’ambassadeur et se sépare de son mari pour aller vivre à New York. Initiée au jazz dès sa jeunesse, elle fréquente les clubs et va devenir un fervent soutien et mécène de plusieurs musiciens, notamment Charlie Parker – qui mourra dans son appartement – ou encore le virtuose et néanmoins étrange Thélonious Monk, avec lequel elle entretiendra une relation très forte, et ceci à une époque où la ségrégation raciale est encore très présente aux Etats-Unis, et qu’elle soutiendra jusqu’à sa mort, dans les bons ou les nombreux mauvais moments (il avait des problèmes d’addiction à la drogue et à l’alcool, et présentait des troubles psychiatriques).

Stéphane Tamaillon et Priscila Horviller dessinent dans »La Baronne du Jazz » le portrait haut en couleurs d’une femme libre, qui toute sa vie défiera les conventions et ira à l’encontre de ce que l’on attend d’une aristocrate, a fortiori de sexe féminin. (Ses cinq enfants sont néanmoins très peu mentionnés dans le récit, donc je ne saurais dire si elle a été présente pour eux.) Une bande dessinée très accessible qui met en lumière un personnage dont la vie est peu connue mais qui s’est toujours engagé en faveur de la liberté. Une très belle découverte ! 

Publié en Janvier 2020 chez Steinkis, 150 pages.

33e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2020.

2 commentaires sur “La Baronne du Jazz – Stéphane Tamaillon et Priscilla Horviller

Répondre à Eva Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *