Le bandeau sur le livre « Trouve-moi » d’André Aciman indique que c’est la suite d’« Appelle-moi par ton nom », le grand succès de l’auteur, adapté au cinéma. Le roman est un recueil de quatre histoires, où l’on va retrouver trois des protagonistes : Samuel (le père d’Elio), Elio, et Oliver.
Dans la première histoire, qui se déroule quelques années après le fameux été raconté dans « Appelle-moi par ton nom » , Samuel, désormais divorcé, se rend à Rome pour donner une conférence et passer du temps avec son fils. Dans le train, il rencontre Miranda, une jeune femme qui va rendre visite à son père… Dans la deuxième histoire, Elio vit désormais à Paris : à l’occasion d’un concert dans une église, il rencontre Michel, un homme beaucoup plus âgé que lui. Dans la troisième histoire, Oliver donne une soirée… et dans la quatrième histoire, Elio et Oliver se retrouvent enfin.
J’aimais beaucoup le personnage du père dans « Appelle-moi par ton nom » et j’étais donc ravie de le retrouver dans cette histoire qui est d’ailleurs la plus longue du livre. J’ai beaucoup aimé ce coup de foudre, cet élan spontané et réciproque qui rapprochent deux personnes qui semblent au premier abord si différentes. André Aciman est excellent, je trouve, pour raconter les prémices d’une histoire d’amour, ce que j’ai apprécié également dans la rencontre entre Elio et Michel à Paris.
Cependant, je trouve que le bandeau est inexact : « Trouve-moi » n’est pas vraiment la suite d' »Appelle-moi par ton nom ». Je n’y ai retrouvé ni le style, ni l’atmosphère si caractéristique du premier livre : il n’y a ici rien d’estival ou de sensuel. Certes, les protagonistes sont les mêmes, mais on passe finalement presque plus de temps avec Samuel qu’avec Elio, et les retrouvailles entre celui-ci et Oliver ne comptent qu’une dizaine de pages sur les trois cents du livre. De plus, il m’a semblé que la temporalité était différente : « Appelle-moi par ton nom » se déroule en 1983 alors qu’Elio a dix-sept ans. La rencontre entre Samuel et Miranda a lieu seulement quelques années après et pourtant ils ont tous les deux des téléphones portables dans le train! Et Michel, qui est supposé être bien plus âgé qu’Elio, dit qu’il est né « vingt ans après la date indiquée sur la partition », donc en 1964… Si au début j’étais contente qu’il y ait une enquête, et donc du suspense, pour trouver qui était ce fameux Léon qui avait dédié une partition au père de Michel en 1944, j’ai été rapidement perplexe en constatant que Michel et Elio cherchaient un camarade de classe du père alors que cet homme était censé être « vieux » quand le père était jeune homme!
Je pense qu’on ne peut être que déçu si l’on s’attend vraiment à lire la suite d' »Appelle-moi par ton nom ». Les retrouvailles entre Oliver et Elio sont belles, mais très peu développées. J’ai apprécié ce livre pour l’histoire entre Samuel et Miranda que j’ai trouvée très réussie, mais le reste du roman – et les choix narratifs de l’auteur – ne m’a pas vraiment convaincue.
Publié en Septembre 2020 chez Grasset, traduit par Anne Damour, 320 pages.
7e lecture de la Rentrée Littéraire de Septembre 2020.
je n’ai pas lu le premier, mais je te reconnais là car tu es comme moi, dès qu’il y a des erreurs chronologiques, ton regard de commissaire fait mouche ! moi aussi, je remarque cela et du coup, je sors du roman… et pourtant, ils ont lus par les éditeurs … je pense qu’ici, ils ont juste surfé sur la vague du premier qui fut un énorme succès
haha oui, je sais que tu es comme ça aussi 😀 là je t’avoue que je ne sais pas si c’est un parti pris ou une grossière erreur, mais c’est perturbant… et je suis d’accord avec toi, j’ai l’impression qu’il « fallait » écrire une suite…
Je suis d’accord avec votre analyse et votre déception quand à la soi-disant suite du 1er livre. Comme si l’auteur n’était plus du tout inspiré pour ne consacrer qu’une dizaine de pages aux retrouvailles d’Elio et d’Oliver. Je viens de relire le 1er livre et j’ai enchaîné avec les 2 dernières parties du 2e livre pour une conhérence 😉
Au niveau chronologie, je tiens à préciser que dans le premier livre, il n’y a pas de date précise (c’est le film qui prend l’initiative d’indiquer qu’on est en 1983, peut-être précisé par l’auteur ?) car il est précisé qu’on se situe dans le milieu des années 80 (cf. dédicace du livre Armance) donc on peut se situer entre 1984 et 1986. On peut penser à 1986 puisque l’auteur a fini la rédaction du livre en 2006 (20 ans plus tard au moment où il se remémore les faits). Ensuite 10 ans plus, l’histoire des téléphones portables est peut-être plausible en 1996…
Il y a une autre incohérence pour l’histoire du père qui se situerait 10 ans plus tard alors que dans le 1er livre, 11 ans plus tard, le père est toujours avec sa femme puisqu’ils ont la visite d’Oliver avec son épouse et ses enfants.
merci pour votre message et pour vos précisions notamment sur l’année durant laquelle se déroule le premier roman (je me suis effectivement basée sur l’année durant laquelle se déroule l’action du film)… pour bien me souvenir de 1996, les téléphones portables étaient encore rares, et extrêmement coûteux, c’était plutôt l’époque des tam-tam et autres bipeurs…
j’aurais préféré que ce 2nd roman soit présentée comme une variation reprenant une partie des personnages et non comme une suite…mais la suite est sans doute plus vendeuse…