Premier roman d’Abigail Assor, « Aussi riche que le roi » nous emmène au Maroc en 1994. Sarah, une jeune fille française de seize ans, vit avec sa mère à Casablanca dans un grand dénuement. Les deux femmes partagent une minuscule maison délabrée à la limite d’un bidonville, et Sarah ne possède rien à part sa grande beauté. En raison de sa nationalité, elle ne paye pas les frais de scolarité du Lycée Français, qui est essentiellement fréquenté par les enfants des familles marocaines fortunées de Casablanca.
Les classes sociales sont étanches, et tout est codifié : pour aller au lycée, Sarah, qui dissimule sa pauvreté, refuse de prendre le bus car l’usage est d’avoir une voiture avec chauffeur, se cache pour manger des sandwichs car la bourgeoisie déjeune au café hors de prix à côté du lycée. Sarah navigue de petit ami en petit ami, qui lui paient des repas, ou le dernier jean à la mode. Un jour, elle entend parler de Driss, au physique ingrat et au comportement un peu bizarre, dont on lui dit qu’il est « aussi riche que le roi ». Sarah se met en tête de se faire épouser par le jeune homme…
Abigail Assor réussit à rendre attachants et touchants ces deux jeunes gens qui, à premier abord, ne sont pas des plus sympathiques, entre Sarah qui agit essentiellement par intérêt, et Driss qui est quasiment mutique et peu sûr de lui. Et pourtant, une connexion s’installe entre ces personnages que tout semble pourtant opposer…
J’ai beaucoup apprécié ce livre, que j’ai trouvé très maîtrisé, a fortiori pour un premier roman. L’ambiance m’a rappelé un film vu il y a quelques années, « Marock », qui met également en scène des lycéens de la bourgeoise marocaine. Les descriptions sont particulièrement réussies, j’avais vraiment l’impression d’être à Casablanca : les lieux, les atmosphères, les odeurs, sont vraiment très bien rendus, et les personnages très incarnés.
Un très beau roman et une autrice à suivre !
Publié en Janvier 2021 chez Gallimard, 208 pages.
3e lecture de la Rentrée Littéraire de Janvier 2021.