Jane, un meurtre & Une partie rouge – Maggie Nelson

Cet ouvrage de Maggie Nelson est composé de deux livres : « Jane, un meurtre » et « Une partie rouge », avec comme fil conducteur un drame : le meurtre de Jane, la sœur de la mère de Maggie Nelson à l’âge de 23 ans, en 1969.

« Jane, un meurtre » nous raconte cet événement sous une forme assez particulière: une série de courts textes écrits par Maggie Nelson, la plupart en vers libres, qui alternent avec des extraits de journaux intimes de Jane adolescente. Maggie fait revivre dans cet ouvrage sa tante tuée 4 ans sa naissance : une étudiante brillante, amoureuse, qui est retrouvée dans un cimetière, avec deux balles dans la tête et un bas autour du cou. L’autrice trouve les coupures de journaux de l’époque, recherche son fiancé…le meurtre de Jane avait été attribué à un tueur en série arrêté peu après, mais sans certitude.

Maggie Nelson réussit à brosser un portrait très incarné de sa tante, et nous raconte également cette ombre qui plane sur la famille: une mort brutale, terrifiante, inexpliquée qui hante même la génération d’après, la mère de Maggie, ayant elle-même deux filles, écho à son duo avec Jane.

L’agrégat de textes fonctionne vraiment très bien, et donne un récit harmonieux, paradoxalement très vivant, et passionnant.

Alors que Maggie Nelson écrit « Jane, un meurtre », 35 ans après les faits, un homme est arrêté car son ADN correspond à celui retrouvé sur Jane. Elle raconte dans « Une partie rouge » le procès contre cet homme, auquel elle et sa famille assistent.

Je m’attendais à un pur « true crime », mais l’histoire de sa famille (la mort de son père, la dérive de sa sœur) est souvent évoquée, et surtout, Maggie Nelson semble écrire ce livre à un moment où elle va mal, après une rupture, et j’ai parfois trouvé que ses états d’âme étaient trop présents, et noyaient le fil conducteur judiciaire.

Pour autant, ce texte est un très bon complément à « Jane, un meurtre », même si le procès laisse un goût amer (sans spoiler, il est difficile de relier l’accusé au meurtre, au-delà des traces ADN)

Même si j’ai moins accroché au 2e texte, l’ensemble forme un ouvrage original, marquant et sortant de l’ordinaire. 

Publié en 2021 aux éditions du Sous-Sol, traduction Céline Leroy et Julia Deck, 448 pages. 

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