Tosca – Murielle Szac

Après « Eleftheria », qui se déroulait en Crète, Murielle Szac continue son exploration des crimes antisémites commis lors de la Seconde Guerre Mondiale, en s’emparant d’un fait historique survenu à Lyon en Juin 1944.

Neuf hommes sont arrêtés en ville. Ils ne se connaissent pas, ils n’ont d’ailleurs pas été raflés pour les mêmes raisons. Deux, Maurice Abélard et Louis Goudard, sont résistants. Sept – Léo Glaeser, Émile Zeizig, Claude Ben Zimra, Maurice Schlisselman, Louis Krzyzkowski, Siegfried Prock et un jeune homme dont on ignore le nom – sont juifs, même si Léo Glaeser était en réalité également résistant, et à l’origine du Comité Amelot. Ces hommes aux origines, âges, milieux sociaux différents, arrêtés par la Milice dirigée par Paul Touvier, vont se retrouver dans la même cellule.

Murielle Szac leur redonne un corps, une voix, une âme, dans ce court roman polyphonique au sein du huis clos de la prison. Le « Tosca » du titre, c’est l’opéra que chante l’inconnu du groupe, celui qui refuse de partager son nom, et qui est le fil conducteur du roman. Tosca, une histoire de trahison, de condamnation à mort, de suicide aussi, qui fait écho aux événements racontés.

C’est un très beau livre, à l’écriture émouvante et élégante, qui réhumanise les victimes, et qui rappelle la responsabilité des Français dans cette affaire, que ce soit ceux qui ont dénoncé, ceux qui ont arrêté, ceux qui ont torturé, ceux qui ont mis à mort, par appât du gain, ou antisémitisme.

La postface de Murielle Szac est particulièrement intéressante. L’affaire des assassinats antisémites de Rillieux la hante depuis des décennies, et notamment l’identité de la victime anonyme, sur laquelle elle a longuement enquêté. Il est d’ailleurs terrible de penser que 80 ans plus tard, ce jeune homme n’a toujours pas été identifié…ce qui veut dire que personne ne semble l’avoir activement recherché, ce qui laisse à penser que tout son entourage, ceux qui le connaissaient et tenaient à lui, a été également décimé.

Un roman profond, poignant, lourd de sens. A lire ! 

Publié en Janvier 2024 chez Emmanuelle Collas, 156 pages.

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