J’avais adoré « Ohio » de Stephen Markley et je ne pouvais donc manquer « Le Déluge », son (énorme) parution suivante.
Ce roman choral nous entraine à la rencontre d’une dizaine de personnages, à partir de 2013 et durant 30 ans, aux États-Unis. Au cœur de l’ouvrage : le réchauffement climatique et tout ce qui en découle …
Scientifiques, activistes, politiciens, terroristes… à travers leurs différents parcours, l’auteur nous raconte un effondrement inéluctable – les enjeux sont connus et pourtant, l’écologie est vue comme une idéologie, là où cela devrait être un sujet de préoccupation pour tous, qui transcende les orientations politiques et touche tous les aspects de la société, a fortiori au sein d’un même pays.
L’auteur est malin car il ne nous montre que rarement le chaos en face – on évoque des pays quasi rayés de la carte, des flux migratoires incessants, des pans entiers de l’économie qui s’effondrent, du fanatisme religieux, beaucoup de violence … mais pour les personnages de l’intelligentsia américaine, le quotidien est relativement préservé…jusqu’à ce que la situation, parfois, les rattrape : ils ont de l’argent, une vie sentimentale parfois mouvementée, ils voyagent (en prenant beaucoup l’avion…)
C’est un roman intelligent et ambitieux qui pose de vraies questions sur ce que l’on est prêt à faire pour ses idées, sur nos compromis(sions), sur nos inactions et leurs conséquences … et pourtant, malgré le talent indéniable de l’auteur, je n’ai pas été totalement convaincue. Surtout parce que le livre compte plus de 1000 pages, ce qui non seulement est un frein à la lecture mais aussi dessert l’intrigue: il y a trop de personnages, de personnages secondaires, de relations, de sous-intrigues et le récit s’essouffle, d’autant plus qu’il est difficile de s’attacher à tous les personnages – Tony et Matt sont lumineux; Shane mériterait un livre à elle seule, mais Jackie ou Ash ne m’ont pas passionnée, et quid du Pasteur, pas du tout développé?
Le Déluge est une prouesse littéraire sur un sujet brûlant, mais son format n’est pas forcément un atout. Et vous, qu’en avez-vous pensé ?
Publié en Août 2023 chez Albin Michel (Terres d’Amérique), traduit par Charles Recoursé, 1 056 pages.