Vincent qu’on assassine – Marianne Jaeglé

Après « L’Ami du Prince », que j’ai découvert dans le cadre du prix Orange, et qui a amplement mérité d’en être le lauréat, j’ai eu envie de lire un autre livre de Marianne Jaeglé,  « Vincent qu’on assassine »

Le livre nous raconte les deux dernières années de Vincent Van Gogh. Si le récit , comme le titre le souligne, nous emmène vers cette journée du 25 juillet 1890 où le peintre meurt mystérieusement d’une balle dans la poitrine, le propos du roman est plutôt de nous présenter la vie de celui qui est vu aujourd’hui comme un des plus grands peintres de l’Histoire, une situation bien différente de quand il était vivant.

Comme dans « L’ami du prince », bien plus universel que la relation entre Sénèque et Néron, « Vincent qu’on assassine », au-delà d’un portait de Vincent Van Gogh, nous parle de la difficulté de trouver sa place dans la société – il y a toujours un malaise social autour de Vincent – et son obsession pour la peinture – qui est considéré comme un marginal partout où il passe et qui n’arrive pas à nouer de vraies relations avec les autres. Le roman évoque aussi les amitiés unilatérales: Van Gogh apprécie beaucoup Gauguin et l’invite à devenir son colocataire, espérant créer un cercle de peintres dans le Midi, mais Gauguin est entre le mépris et la jalousie …

La lumière de ce livre – outre celle du Sud de la France et de la peinture de Van Gogh- vient de la relation entre les deux frères, Théo et Vincent. Théo ne cessera de croire dans le talent de Vincent (qui ne vendra qu’une seule toile de son vivant) et de le soutenir, moralement et financièrement. La relation est très belle, même lorsque l’équilibre familial est bousculé par un mariage et un enfant.

L’écriture de Marianne Jaeglé est sobre, à la bonne distance de son personnage. Le récit est poignant, a fortiori lorsque l’on relie la misère et le destin tragique de Vincent (et de Théo…) avec le prix auquel s’arrachent ses tableaux aujourd’hui.

Une très belle lecture. 

Publié en 2016 chez Gallimard, en poche chez Folio, 352 pages.

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