Il reste la poussière – Sandrine Collette

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J’ai beaucoup entendu parler de Sandrine Collette, et notamment de son livre « Des noeuds d’acier » mais j’avais eu peur de tomber sur un roman sombre et trash qui me mette mal à l’aise. Le fait que l’on décide de mettre son nouveau livre « Il reste la poussière » à l’affiche de notre prochain podcast « Bibliomaniacs » m’a fait franchir le pas, et tant mieux car j’ai été agréablement surprise par ce roman.

En Patagonie, au début du XXe siècle, une femme vit dans une ferme avec ses quatre fils : les jumeaux Joaquin et Mauro, Steban « le débile » et le petit Rafael. Son mari l’a abandonnée il y a des années – c’est du moins la version officielle. Les garçons triment toute la journée pour tenir la ferme, et mènent une vie fruste, sans repos ni loisirs, sauf les violences que les aînés font subir aux cadets. Un huit-clos dont la famille ne sort que pour aller de temps en temps en ville, où la mère passe à la banque – pour s’entendre dire que son compte est à sec – avant d’aller boire et jouer au poker. Jusqu’au jour où elle perd tellement au jeu qu’elle donne l’un de ses jumeaux en compensation…
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Le début du livre m’a fait très peur : un épisode de violence assez insoutenable envers le plus jeune des fils, Rafael. Je me suis dit que « Il reste la poussière » allait être à l’image de ce début, violent et perturbant, pourtant cette introduction n’est pas vraiment à l’image du livre, même si l’ambiance n’y est pas franchement gaie. L’histoire nous est racontée, chapitre après chapitre, par les différents protagonistes. La mère tient les quatre fils sous sa coupe : pas d’école, pas de sorties, pas de petites amies, pas même d’amis…Ils n’ont jamais rien connu d’autre que la ferme, et triment toute la journée sans aucune compensation. Les jumeaux ne sont que haine et violence envers les deux plus jeunes, qu’ils maltraitent continuellement. La mère est une femme dure et inflexible, qui tient d’une main de maître la ferme et la fratrie, et lutte continuellement contre la pauvreté. Tout plaisir est refusé aux fils, pourtant ceux-ci sont attachés à leur mère – peut-être parce qu’ils ne connaissent rien d’autre et ne sont pas en mesure de faire des comparaisons. Cette situation qui dure depuis des années se craquelle lorsque deux des quatre fils sont amenés à quitter la maison : Joaquin car il a été perdu aux cartes par la mère, et Rafael, le plus jeune, car il doit partir à la recherche de chevaux qui se sont enfuis.
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 Je m’attendais avec « Il reste la poussière » à lire un thriller, mais ce n’est pas le cas. Le roman de Sandrine Collette est plutôt un huit-clos, un drame familial et psychologique, avec une ambiance aride d’enfermement. La mère est mauvaise, les jumeaux se défoulent de leurs frustrations sur les plus jeunes, pourtant le petit Rafael, qui n’a connu que les coups et la peur, est un adolescent qui a bon cœur, qui a des valeurs, et auquel on s’attache facilement. J’ai été vraiment surprise à la lecture de ce livre, bien loin de ce à quoi je m’attendais, tant au niveau de l’ambiance, que de l’histoire et de son traitement. C’est d’ailleurs le seul bémol que j’aurai au sujet d' »Il reste la poussière » : le rythme est un peu trop lent à mon goût, et il y a quelques longueurs qui ont fait que j’ai mis quelques jours à lire ce roman au lieu de le dévorer. Pourtant Sandrine Collette possède une belle plume élégante, et un don certain pour créer des atmosphères et bien camper cette vie à la ferme, recluse malgré les grands espaces. Malgré la rudesse des personnages et la violence de nombreuses situations, l’auteur parvient à faire ressentir de l’empathie pour les frères, et notamment pour le petit Rafael, et à insuffler un peu d’espoir dans le récit.
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« Il reste la poussière » de Sandrine Collette est un roman qui m’a surprise. Ce huis-clos (enfin, pas tout à fait car les personnages sortent quand même de la ferme, mais l’impression d’enfermement est très forte) entre une mère toute puissante et ses quatre fils dans cette ferme au beau milieu de la Patagonie aride est un récit marquant, une belle réussite tant pour l’écriture que pour l’atmosphère lourde créée par l’auteur. J’imagine sans peine le beau film que l’adaptation cinématographique de ce livre pourrait donner, tant les situations et les descriptions sont frappantes. Dommage cependant qu’il y ait quelques longueurs qui ont ralenti ma lecture mais ce rythme un peu lent contribue également à cette impression de lourdeur qui règne sur le roman. Une belle découverte, surprenante et percutante!
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Publié le 25 Janvier 2016 aux Editions Denoël, 304 pages.

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20e participation au Challenge Rentrée Hiver 2016 organisé par Laure de MicMelo.

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11 commentaires sur “Il reste la poussière – Sandrine Collette

  1. J'aime beaucoup cette romancière justement pour les "ambiances" qu'elle arrive à créer. Je viens de finir "Six petites fourmis" (très bien !) et j'attends tranquillement que celui-ci sorte en poche 😉

  2. J'ai lu pas mal de billets sur ce livre et tu es la première à lui trouver quelques bémols. Je vais aussi essayer de lire ses romans – ils sont sans doute dispos à la BM

  3. @ Marie-Claude : le roman est assez tourné vers la nature, donc il y a de bonnes chances qu'il te plaise

    @ Noukette :du coup j'ai envie d'en lire d'autres 🙂

    @ Joëlle : oui ce n'est pas un polar, plutôt un roman d'ambiance, à la rigueur un roman noir

    @ Electra : le seul vrai bémol c'est ce rythme un peu lent, j'ai eu l'impression de lire un pavé, alors que le livre ne fait que 300 pages…

    @ Virginie : je vais en lire d'autres!

    @ Margotte :je note donc ce titre !

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