Dans « J’ai quelques questions à vous poser » de Rebecca Makkai, Bodie Kane, podcasteuse et professeur de cinéma, revient dans le pensionnat de sa jeunesse pour y donner des cours.
Sa scolarité avait été marquée par un drame : en 1995, 23 ans plus tôt, sa « room-mate » Thalia avait été retrouvée étranglée dans la piscine, et un coach sportif du pensionnat, un jeune homme noir, avait été condamné.
L’un des élèves de Bodie décide de consacrer son exercice de podcast à « l’affaire Thalia ». La jeune femme elle-même, en se replongeant dans ses souvenirs, avec un œil plus aiguisé par #MeToo et les affaires de féminicides auxquelles elle a été confrontée, commence à douter que le condamné soit le véritable meurtrier…
L’intrigue met beaucoup de temps à démarrer, et heureusement que j’étais en vacances, car je ne suis pas sûre que j’aurais donné sa chance au livre dans d’autres conditions. L’histoire n’est pas des plus originales : un dossier judiciaire rouvert, un pensionnat huppé , une jeune femme en décalage (venant d’un milieu désargenté et d’une famille brisée), un podcast pour enquêter, un côté « que sont-ils devenus? ».
Et pourtant, à un moment, cela a fonctionné et j’ai commencé à être accrochée par ce livre, sans doute car il joue avec des codes que j’apprécie dans les polars, notamment le côté « Cold case ». J’ai aimé que la narratrice, avec son œil de 2018, se rende compte que certains comportements de 1995 étaient absolument intolérables et se pose des questions qu’elle ne se serait pas posées à l’époque.
Pour autant, le roman n’est pas exempt de défauts. Il est bavard, a tendance à s’éparpiller (notamment avec la vie privée de Bodie), manque de structure … on parle beaucoup de podcast dans le livre, l’autrice aurait pu utiliser les épisodes pour mieux construire l’intrigue. D’autres choses m’ont un peu étonnée comme le fait que des élèves partent à 21h faire une fête à 30 min à pied (l’un d’eux a pourtant des béquilles…) alors qu’ils doivent être rentrés au pensionnat pour le couvre-feu de 23h …
C’est dommage, le roman aurait pu être excellent mais ces bémols m’ont laissé une impression en demi-teinte … l’avez-vous lu?
Publié en Mars 2024 aux Escales, traduction Caroline Bouet, 496 pages.
Je suis trop contente de pouvoir lire tes critiques merci eve pour ce bel échange
Bonne année que du bonheur et la santé
Céline
très bonne année à toi également 🙂