« Moi, Fadi le frère volé » est le tome 1 du « spin-off » de « l’Arabe du Futur », que Riad Sattouf consacre à son frère, Fadi, qui, comme on le sait si on a lu la série originelle, a été enlevé par leur père et emmené en Syrie, d’où le titre.
Même si l’histoire est déjà plus ou moins connue, ainsi que les lieux et les personnages, il est très intéressant qu’elle soit racontée via les yeux de celui qui est concerné, Fadi.
Au début de l’histoire, la fratrie (Riad, Yahya, Fadi) vit en Bretagne, avec la mère – la grand-mère maternelle étant également très présente. Riad Sattouf excelle à restituer des ambiances – les petites jalousies entre les enfants, la candeur de Fadi et son besoin d’être protégé et rassur. Un jour, le père revient en Bretagne, souhaitant reprendre la vie conjugale et retourner en famille en Syrie. La mère refuse catégoriquement, et le quotidien devient très tendu, même si, du point de vue de Fadi, il a désormais un papa à domicile, qui prend toujours son parti et le gâte à outrance… jusqu’au jour où il le kidnappe et l’emmène en Syrie.
L’arrivée du petit garçon en Syrie est très bien rendue – sa tristesse d’être séparé de sa mère, le bourrage de crâne que lui fait son père, le flou qui l’entoure puisqu’il ne comprend pas l’arabe, et donc ce que raconte le père à sa famille pour justifier que le petit soit en Syrie sans sa mère et ses frères, ce que dit la famille que la situation semble énerver … Riad Sattouf exprime très bien, à travers les bulles de texte, les mots en arabe que commence à comprendre Fadi, ceux qui sont encore obscurs, et puis sa langue maternelle, le Français, qui peu à peu disparaît jusqu’à devenir des sons familiers mais incompréhensibles.
Pour autant, l’enfant trouve ses marques au village – il se fait des amis, va à l’école et devient le chouchou de l’institutrice, tisse des liens avec sa famille… même si le père est dépeint comme un gros connard (n’ayons pas peur des mots), j’ai aimé que le quotidien soit retracé dans toutes ses nuances. Et la fin donne bien sûr envie de découvrir la suite !
Publié en Octobre 2024 aux Livres du Futur, 144 pages.
cela complète bien L’arabe du futur!