Grande fan des « Chroniques de San Francisco » d’Armistead Maupin, je ne pouvais manquer de lire le 10e tome, « Mona et son manoir », en VO « Mona of the Manor ».
Contrairement aux autres, publiés de manière chronologique, et dont l’action est contemporaine de leur sortie, ce dixième volume se déroule dans les années 90 – un personnage parle de 1993 mais la description d’un poster fait penser à Older de George Michael, sorti en 1996…
L’histoire se situe dans un village anglais. Mona, qui avait effectué un mariage blanc avec un aristocrate homosexuel pour qu’il puisse rester aux Etats-Unis, a hérité à son décès du manoir familial. Elle y vit avec son fils « logique », Wilfred, et pour payer les lourdes factures, y accueille des hôtes payants. Cette semaine, c’est un couple américain d’un certain âge… mais Mona et Wilfred se rendent rapidement compte d’un grave problème …
J’ai retrouvé avec grand plaisir l’ambiance de la série et les personnages. En effet, Mickey, secoué par la mort de son grand amour Jon et de nombre de ses amis, et quitté par son nouveau compagnon, décide de rendre visite à Mona, emmenant avec lui Anna Madrigal…
Le livre est très marqué par le drame de l’épidémie du sida, qui fait des ravages dans l’entourage de Mickey et Mona. Malgré cette facette sombre, il y a beaucoup de fraîcheur, d’humour, de tendresse, dans ce roman qui évoque aussi la solitude des personnes homosexuelles à la campagne, loin des communautés urbaines. Mona est particulièrement pétillante, tandis que Mickey et Wilfred sont touchants dans leur pudeur.
Cependant j’ai trouvé que l’intrigue manquait d’aspérités et que l’auteur appuyait parfois un peu lourdement son propos, par exemple avec la conversation un peu « gros sabots » entre Mona et son amie Poppy sur la transphobie. En effet, je ne suis pas sûre qu’un lecteur des 10 tomes des Chroniques de San Francisco ait un problème avec l’homosexualité ou la transexualité (ou alors il est maso)
Le roman est malgré tout très agréable à lire même si l’aspect « Madeleine de Proust » a beaucoup joué dans mon plaisir de lecture.
Publié en Mai 2025 à l’Olivier, traduit par Marc Amfreville, 350 pages.