Lola Lafon est l’une de mes autrices préférées (lisez le fabuleux « Quand tu écouteras cette chanson ») et j’étais très contente de la rencontrer et d’assister à un grand entretien avec elle au festival Epoque de Caen.
En lisant « Il n’a jamais été trop tard », recueil de chroniques parues dans Libération, j’ai encore une fois été fascinée par sa capacité à parler de sujets de société de manière très analytique mais fluide, pertinente, avec des mots justes qui viennent taper là où ça dérange. C’est un livre où l’on peut souligner moult phrases tant c’est vif, bien tourné – elle pourrait faire du stand-up tant elle maîtrise les punchlines.
Elle évoque la blondeur peroxydée d’une sdf qui suscite le doute sur son mérite ; elle parle de la lutte féministe considérée comme dépassée alors que les droits des femmes et leur liberté régressent, que les statistiques sur le viol sont alarmantes; de ce que c’est être une victime, a fortiori lorsque notre crédibilité est questionnée ; de la nécessité que les hommes aussi changent le système dont les femmes sont victimes.
Il y a plusieurs très beaux textes dans ce recueil, celui où elle raconte qu’elle fait du soutien scolaire par téléphone à un enfant d’une famille précaire … l’impression de se sentir inutile lors de ces quelques rdv sans réel impact, avec cet enfant déjà trop mûr qui fait en sorte de la rassurer, elle l’adulte. Également celui où, à travers la fin de vie de son chien, elle évoque notre rapport au vieillissement, aux personnes âgées, notre incapacité à supporter le ralentissement, le manque d’efficacité…
Il y a aussi un rappel d’un épisode qui avait marqué mon enfance, lorsque Sinead O’Connor déchire la photo du pape pour dénoncer les abus sur mineurs, un geste incompris qui lui vouera une énorme hostilité.
Et puis ses mots, très justes, sur nos prises de position à distance, nos « oui mais », notre tendance à vouloir être le personnage principal, à parler à la place de ceux qui vivent et subissent la violence.
Je ne peux pas évoquer tous les textes, mais Lola Lafon est vraiment très douée pour parler de notre société, des relations homme-femme, de notre rapport à l’âge, à la précarité, à la géopolitique … une lecture vivement conseillée!
Publié en 2025 chez Stock, 228 pages.
te voilà enchantée une nouvelle fois ! ton texte me fait rebondir sur une vidéo que j’ai vue aujourd’hui sur les agressions sexuelles, toutes les étudiantes d’un amphi se levaient après que la professeur leur a demandé s’ils avaient connaissance d’une agression sexuelle dans leur entourage ou étaient elles-même victime et toute la salle s’est levée .. effrayant !