Finistère – Anne Berest

Après avoir écrit avec sa sœur Claire sur leur arrière-grand-mère Gabriële, et sur sa famille maternelle dans « La Carte Postale », Anne Berest s’intéresse désormais au côté paternel dans « Finistère ».

Comme le titre du livre l’indique, les racines de la famille paternelle de l’autrice sont bretonnes.  Anne Berest évoque trois figures masculines de cette branche, son arrière-grand-père Eugène, son grand-père lui aussi prénommé Eugène puis son père, Pierre. Le premier Eugène est à l’origine d’une coopérative agricole, le deuxième est un élève brillant qui ira étudier à Paris et deviendra professeur de lettres classiques et maire de Brest. C’est l’histoire d’une famille française au XXe siècle, c’est aussi l’histoire d’une ascension sociale, le goût de l’implication pour le bien commun, et puis aussi un rapprochement graduel vers la région parisienne.

Les premiers chapitres posent le contexte familial mais j’ai eu l’impression que c’était de son père Pierre qu’Anne Berest voulait vraiment parler. D’ailleurs j’ai trouvé que le style, le rythme changeaient lorsque sont arrivés les chapitres consacrés à l’histoire de Pierre. Un père dont elle n’est pas aussi proche qu’elle le souhaiterait, qui est gravement malade lorsqu’elle décide d’écrire sur cette branche familiale.

Un père brillant qui va vivre Mai 68, s’engager dans la LCR- sujet secret dont il parle très peu-, entrer à Polytechnique , devenir chercheur. Et puis c’est le coup de foudre avec Lélia, femme de caractère qui a les mêmes valeurs que lui, avec qui il aura trois fille. C’est aussi l’histoire d’une amitié très forte avec un autre Pierre, et l’arrivée du SIDA.

« Finistère » pourrait être présenté comme le pendant paternel de « La Carte Postale » mais je ne pense pas que ce soit le cas –  je l’ai lu comme l’histoire d’un rendez-vous manqué entre un père et sa fille, un livre qu’Anne Berest avait besoin d’écrire pour dire  à son père tout ce qu’elle ressentait pour lui- beaucoup d’admiration et d’amour mais aussi le regret que leurs différences aient créé une distance silencieuse entre eux– car même la fille de deux intellectuels de gauche, adeptes de la sobriété et de la frugalité, peut avoir envie d’aller à McDo et de jouer à la barbie, de s’épanouir dans la mode et les soirées parisiennes, de trouver le bonheur auprès d’un banquier. Les dernières pages sont particulièrement émouvantes.

Publié en Août 2025 chez Albin Michel, 432 pages.

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