Après avoir découvert Tanguy Viel avec son dernier livre « Article 353 du code pénal », que j’ai beaucoup aimé, j’avais envie de lire d’autres romans de l’auteur. En discutant brièvement avec l’écrivain au Salon du Livre de Paris, j’ai appris que « le fils Kermeur », l’un des protagonistes d’« Article 353 du code pénal », apparaissait déjà dans un roman nommé « Paris-Brest » : c’est donc celui-ci que j’ai choisi de lire.
Aucun lien entre les deux romans, si ce n’est le nom du personnage, car « Article 353 du code pénal » ne fait pas du tout référence à des événements s’étant produits dans « Paris-Brest », ou inversement, et on n’a d’ailleurs pas l’impression que l’on parle de la même personne.
Dans « Paris-Brest » on se retrouve plongé au coeur d’une famille bourgeoise et dysfonctionnelle : les parents du narrateur ont dû quitter Brest précipitamment pour aller refaire leur vie dans le Sud de la France après que le père, président du club de football de Brest, a été accusé de malversations financières à hauteur de quatorze millions de francs. La grand-mère maternelle a quant à elle réussi tardivement dans la vie, puisqu’elle a épousé un homme très riche qui, à sa mort trois ans après, lui a laissé un grand appartement avec vue sur la mer, dix-huit millions de francs, et sa femme de ménage, Mme Kermeur. Or la mère du narrateur ne supporte pas « le fils Kermeur » dont elle estime qu’il a une mauvaise influence sur son fils depuis qu’il avait poussé celui-ci à voler des friandises dans un supermarché. Acte à la suite duquel elle s’était arrangée pour le faire expulser de l’école privée dans laquelle il était scolarisé… Toute la famille de la grand-mère, à commencer par sa propre fille qui aimerait bien retrouver son confort et sa place dans la bourgeoisie de Brest, convoite les dix-huit millions de francs…
La construction du roman est intéressante. Le récit est organisé en deux parties :la première alors que le narrateur est un tout jeune homme, qui vit dans un appartement en-dessous du magnifique domicile de sa grand-mère jusqu’à ce qu’un certain événement arrive, qui déclenche le départ du narrateur pour Paris. La deuxième commence avec le retour du narrateur à Brest. Dans ses bagages, un manuscrit, dans lequel il révèle de façon romancée cet épisode peu glorieux du passé, en se mettant en scène, ainsi que sa mère et le fils Kermeur. Le procédé du roman dans le roman est plaisant, d’autant plus que l’imagination du narrateur sait transformer les sentiments des uns et des autres en des scènes percutantes.
Il y a du Chabrol dans ce récit entre la grand-mère qui, en aidant un homme âgé à descendre les marches de l’escalier d’un club de notables, est devenue soudainement millionnaire, le père qui a perdu son honneur à cause de sombres histoires financières, la mère snob qui est prête à tout pour retrouver son rang, et le narrateur ambivalent, à la fois passif et justicier.
Pourtant, même si j’ai lu ce livre sans déplaisir, je n’ai pas vraiment accroché à « Paris-Brest ». Je ne me suis pas attachée aux personnages, et si j’ai apprécié le déroulement de ce récit bien mené, j’ai quand même trouvé que l’histoire manquait de densité. Elle est bien ficelée, mais n’a pas le niveau de maturité d' »Article 353 du code pénal » et je ne suis pas sûre que je vais la garder longtemps en tête…J’ai quand même envie de continuer à explorer l’oeuvre de Tanguy Viel, et pour ma prochaine lecture de l’auteur, je quitterai cette fois la Bretagne pour aller aux Etats-Unis avec « La disparition de Jim Sullivan ».
Publié en 2009 aux Editions de Minuit, 189 pages. Existe en poche.
Espérons que cet autre titre te convaincra davantage…
je l’espère, je ne suis pas découragée en tout cas!
J’avais eu (je l’ai lu il y a quelques années) un avis un peu mitigé aussi… rien de déplaisant, mais non plus de quoi soulever l’enthousiasme !
on est d’accord!
« La disparition de Jim Sullivan » est le seul roman de Tanguy Viel que j’aie lu. Ce roman rafraîchissant est d’une grande inventivité. Pourtant, je n’ai pas (encore) récidivé et, si j’y viens, ce sera plutôt avec « Article 353 du code pénal »!
puisque tu me le recommandes chaudement, je vais bientôt le lire!
Je n’ai jamais lu Tanguy Viel, ce qui est un comble car il est originaire du Finistère. Ceci dit, j’ai son dernier dans ma PAL donc, il y a de l’espoir.
Article 353 est court et bien ficelé, tu l’auras vite lu!
ah ! pas de coup de coeur cette fois-ci. J’ai aussi, comme tu le sais, le roman de Jim Sullivan à lire ! là je suis au Mexique et je m’éclate ! Bon week-end pascal 🙂
et moi je lis Wild et je m’éclate aussi ! 🙂