Un Monde Nouveau – Jess Row

Non, « Un monde nouveau »  n’est pas la biographie du groupe Feu!Chatterton mais bien le dernier livre de Jess Row.

L’histoire nous fait découvrir une famille juive et névrosée, les Wilcox (enfin, le père n’est pas juif, mais il est quand même perturbé). Sandy, célèbre avocat, obsédé par Primo Levi, part faire vœu de silence. Sa femme Naomi, climatologue, qui porte un secret familial (son père biologique est en fait un homme noir- un scientifique de renom ), en profite pour officialiser sa liaison homosexuelle avec sa collègue. Tous deux ont trois enfants. Bering a été tuée quinze ans plus tôt par un sniper israélien alors qu’elle était activiste en Cisjordanie. Winter est une avocate qui défend le droit des immigrés et vit avec un Mexicain sans papiers (diplômé et parlant un anglais parfait). Patrick, le fils, souffre d’anorexie et pratique le yoga à Berlin.

J’ai lu sans déplaisir cette saga familiale bourgeoise qui s’étend sur une soixantaine d’années. L’auteur prend le temps de développer ses personnages, et sait les rendre attachants malgré leurs défauts et surtout malgré les clichés. Il y a tellement de personnages, de situations, de rebondissements que mon intérêt n’a jamais faibli.

J’ai quand même eu l’impression que Jess Row essayait très fort d’écrire un grand roman américain : c’est un pavé, qui succombe à la mode des transcriptions de tchats, d’e-mails, avec tous les thèmes à la mode : le conflit israélo-palestinien, le climat, l’obsession de la race aux Etats-Unis, les mesures anti-immigration …

Il y aurait de quoi écrire dix romans avec tous les axes narratifs qui sont évoqués dans ce livre – entre la révolte au Chiapas, l’arnaque à la spoliation de tableaux, la relation incestueuse, la vie en communauté …

C’est pourquoi cette lecture, au demeurant plutôt réussie, a quand même un petit goût artificiel, une impression « too much », comme si, de manière scolaire, tout était fait pour récolter un maximum de points : un peu trop d’efforts, de cases cochées, de sous-intrigues initiées sans être vraiment traitées en profondeur…cela tire un peu trop tous azimuts pour me satisfaire complètement.

Publié en Août 2025 chez Albin Michel (Terres d’Amérique), traduit par Stéphane Roques, 608 pages.

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