Je ne connaissais pas du tout la collection « Récits d’objets » aux éditions Cambourakis où des écrivains écrivent sur des objets présentés au Musée des Confluences de Lyon.
« Martha ou jamais » de Lune Vuillemin, autrice que j’avais découverte avec « Border la bête » et que j’avais eu le plaisir de rencontrer au dernier Festival America, s’inspire ici d’un pigeon migrateur conservé au musée.
Aussi appelé « tourte voyageuse », cet oiseau était extrêmement courant en Amérique du Nord au XIXe siècle : il y en avait littéralement plusieurs milliards, qui se déplaçaient en nuées extrêmement importantes, nuisant aux récoltes puisque cette espèce se nourrissait notamment de fruits. Si on ajoute à cela le fait que la chair de l’oiseau était très prisée (la tourte finissant en tourte …), sa chasse s’est fortement développée, rapportant des revenus conséquents.
« Martha ou jamais » commence en 1871, autour de cette chasse, qui s’effectue à coups de bâtons, à coups de fusil. De nombreux paysans deviennent pigeonneurs. Parmi eux, deux jeunes filles, Susan et Martha. Au fur et à mesure, ces cousines commencent à être choquées, révulsées par la chasse, alors que les frères de Martha, Isaac et Adam, s’y épanouissent. Elles décident alors de saboter les outils des chasseurs …
Ce court roman d’une soixantaine de pages mêle correspondances, journaux intimes et récit . L’histoire, qui se déroule sur une vingtaine d’années, est tout en sobriété – sans pour autant passer sous silence la grande violence – et elle met en avant l’amitié féminine forte, l’entrée en résistance, et le début d’une action de protection animale et environnementale.
Un très beau texte qui met en lumière un oiseau disparu (et dont je n’avais jamais entendu parler) et qui rappelle que même une espèce dont la population est extrêmement riche peut être totalement éradiquée en quelques années.
Publié en Octobre 2025 chez Cambourakis, 120 pages.



