Le Mal Joli – Emma Becker

Au début du « Mal joli », Emma Becker est en pleine promotion de son précédent roman, « L’inconduite ». Dans ce cadre, elle qui vit désormais avec son mari et ses deux fils en bas âge dans un village du Sud de la France, rencontre dans une soirée l’écrivain Antonin de Quincy d’Avricourt. Ils s’échangent des sms, se revoient à l’occasion d’un séjour parisien de l’autrice…couchent ensemble. Mais ce qui ne devrait être qu’une histoire de cul entre deux écrivains que tout semble opposer sur le papier pourrait bien se transformer en une véritable histoire d’amour…

J’ai eu du mal à entrer dans la première partie de ce livre, « Printemps », que j’ai trouvée finalement assez convenue : Emma et Antonin font des galipettes, j’étais contente pour eux, mais je n’avais pas l’impression que le récit décollait vraiment. Comme toujours avec l’autrice, c’est très bien écrit, avec une vraie fraîcheur, une sincérité parfois déconcertante, des détails humoristiques qui font mouche (ah la scène du pet!), mais je trouvais qu’elle se noyait un peu dans les descriptions olé olé (parfois trop de cul tue le cul).

C’est dans le deuxième tiers, « Eté », où elle passe les grandes vacances loin d’Antonin, dans sa maison du Sud de la France, oppressée par la vie de famille, envahie par la parentèle de son mari, pensant continuellement à son amant, et se raccrochant à l’idée de le revoir en Septembre, volant le moindre temps pour échanger des messages ou s’appeler en facetime, que j’ai commencé à vraiment accrocher à ce livre. En effet, comme dans tous ses livres, Emma Becker n’est jamais plus pertinente que quand elle est dans l’analyse.

Et il y a beaucoup d’axes de réflexion dans ce livre : sur la maternité, sur le couple, sur l’équilibre entre écriture et vie de famille, sur la culpabilité de laisser ses enfants pour vivre pleinement une passion amoureuse, sur le sentiment d’illégitimité éprouvé en fréquentant un homme d’un milieu social beaucoup plus élevé que le sien, dont le nom est celui d’une rue dans quasiment toutes les villes.

Alors, oui, il y a des passages crus, une absence assez incroyable de discrétion (mieux vaut ne pas penser à la compagne de l’amant ou au mari qui vont lire certaines descriptions), mais Emma Becker assume tellement ce qu’elle écrit que cela passe crème et qu’elle arrive à rendre ce couple improbable attachant.

Publié en Août 2024 chez Albin Michel, 416 pages.

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